L’observatoire Inosys, coanimé par l’Institut de l’Élevage (Idele), révèle qu’entre 2019 et 2023, l’excédent brut d’exploitation (EBE) par unité de main-d’œuvre des naisseurs-engraisseurs était supérieur à celui des naisseurs. « C’est une observation stable dans le temps, affirme Stéphane Passerieux, chargé de projets en élevages allaitants à l’Idele. Sur le long terme, l’engraissement est un système porteur. » Cette amélioration des revenus, bien que prometteuse, doit cependant reposer sur un projet solide.

Assurer la revente

« En premier lieu, il est important de réfléchir à l’offre en broutards dont dispose l’éleveur, ainsi qu’aux débouchés des jeunes bovins engraissés », expose Stéphane Passerieux. D’abord, les lots à engraisser doivent être homogènes et présenter de bons potentiels, afin d’assurer les croissances espérées. « Si l’éleveur passe par un achat extérieur, il est préférable d’établir un engagement avec une structure commerciale qui assurera les rotations nécessaires dans l’atelier, voire le financement des broutards, explique le chef de projet. Il faut rentabiliser les investissements avec en veillant à un taux de remplissage suffisant. »

Ensuite, tout repose sur le débouché des animaux. « L’enjeu est de définir avec son opérateur le type d’animaux à produire. » Âge, poids, état d’engraissement, marché de destination… Ces éléments permettent de déterminer les itinéraires techniques et la durée de l’engraissement. Un prix de reprise du jeune bovin, indexé sur les coûts de production, apporte une sécurité supplémentaire.

Ensuite, les modalités plus techniques peuvent être examinées : quelles ressources alimentaires sont disponibles sur l’exploitation, est-ce que la main-d’œuvre est déjà saturée, de quelle place en bâtiment l’atelier pourrait disposer, etc.

Connaître sa marge minimale

« La situation économique de départ doit être saine », insiste Stéphane Passerieux. Un nouvel atelier nécessite souvent des investissements pour un engraisseur, ou le décalage d’une entrée d’argent pour un naisseur. « L’accompagnement technique et économique est indispensable, que ce soit lors de la préparation du projet mais également pendant le suivi des lots. » L’outil Décibov (1) développé par l’Idele permet d’estimer la marge minimale pour un atelier rentable. À partir d’un prix du broutard, l’éleveur peut personnaliser différents coûts de ration afin d’estimer son prix de revente minimal des jeunes bovins.

« Il faut pousser son projet jusqu’à l’estimation de l’évolution de paramètres techniques (gain moyen quotidien — GMQ, mortalité) ou conjoncturels (prix de vente d’achat et vente des bovins, coût alimentaire) et en chiffrer l’incidence économique sur le système de production, recommande Stéphane Passerieux. L’intérêt est de connaître la résistance de l’atelier : qu’est-ce qui peut se passer si le GMQ ou le taux de mortalité ne sont pas dans les objectifs définis initialement ou encore si le marché évolue à la hausse ou à la baisse ? »