Depuis 2018, Laurent Antignac est à la tête d’un cheptel d’une soixantaine de vaches salers à Deneuille-les-Mines, dans l’Allier. Aussi gérant d’une société spécialisée dans l’exportation de bovins de races à viande dans le Cantal, Laurent recherchait une exploitation de taille moyenne qui lui permette d’allier ses deux métiers. « La salers, par sa facilité de conduite, est la race par excellence des doubles actifs », sourit-il.

Élargir les débouchés

« Durant les quatre premières années, nous n’avions pas forcément envisagé l’engraissement, à part pour nos vaches de réforme », indique Laurent. Avec l’aide de sa compagne, Claudine Giboudeaux, l’éleveur valorise des broutards en race pure et croisés. Les femelles salers sont conservées sur l’exploitation pour assurer le renouvellement, avec un taux de 12 à 15 %. Les génisses d’élevage restantes étaient vendues comme reproductrices à l’export mais, dès l’année prochaine, elles seront toutes engraissées à la ferme.

 

 

 

 

Le projet est né d’un partenariat avec la société Domaine des Massifs, basée à Clermont-Ferrand et spécialisée dans la création de produits à forte valeur ajoutée issus de filières animales et végétales. « Nous souhaitions mettre au point un cuir de génisse complémentaire à celui du veau par sa taille et sa “main”, d’origine française, tracé et éthique », explique Olivier Antignac, fondateur et président du Domaine des Massifs. De son côté, Laurent y a vu un potentiel pour élargir ses débouchés pour les femelles de boucherie salers. En juillet 2021, l’éleveur a ainsi engraissé un premier lot de quatorze génisses âgées de 9 mois. Les pensionnaires sont restées sept mois dans un bâtiment dédié, sur aire paillée.

Ration 100 % autonome

Sur les 210 jours d’engraissement, les génisses ont reçu 6 kg de matière sèche (MS) d’enrubannage, constitué de trèfle violet et ray-grass hybride, 2,7 kg de triticale avec des compléments minéraux et vitaminés et 5,5 kg de paille par jour. « Les fourrages et céréales sont issus de l’exploitation. Nous implantons un maximum de légumineuses pour tendre vers une autonomie protéique, en particulier pour l’atelier d’engraissement », souligne Laurent.

Le lot a été racheté par le Domaine des Massifs, à un prix minimum garanti de 5,05 €/kg de carcasse, pour être valorisé en boucherie traditionnelle. « Les cuirs ont été d’une parfaite qualité, permettant à l’éleveur de gagner un complément de revenus sous forme de commissions », souligne Olivier.

 

Les génisses ont été conduites selon un cahier des charges bien précis, afin de garantir une propreté et une qualité de peau irréprochables. Des brosses avec aspersion automatique d’huiles essentielles ont notamment été installées pour prémunir les animaux des piqûres parasitaires et de la teigne.

Par ailleurs, toutes les données d’élevage ont été suivies et intégrées dans un outil de traçabilité développé par l’entreprise, afin de mesurer les performances de viande et de cuir. Lucie Pouchard