« Il y a eu beaucoup de discussions, mais presque tout le monde a exprimé son soutien à un budget fort et proportionné pour la Pac ». Par cette déclaration Christophe Hansen, le commissaire à l’Agriculture, tente de mettre en avant une certaine unanimité à l’issue du Conseil des ministres de l’Agriculture le 24 mars 2025.
Reste à savoir si la volonté d’un budget important et dédié à la Politique agricole commune fera aussi l’unanimité en dehors du cercle des ministres de l’Agriculture. Alors que les discussions sur le prochain budget de l’Union européenne sont déjà bien lancées, les inquiétudes s’accumulent pour la Pac.
Un changement de méthode ?
La raison principale ? L’idée de la Commission évoquée en février pour le prochain cadre financier pluriannuel, de fusionner l’enveloppe de la Pac avec celle de la cohésion dans des plans nationaux globaux.
Une position justifiée par la complexité du système actuel selon l’exécutif européen. « La fragmentation du paysage financier se traduit également par un nombre trop élevé de documents de programmation », est-il évoqué, résultant en « la lenteur de la mise en œuvre de certains programmes sur le terrain ».
Pérenniser les 2 piliers
Pour la Pac, la Commission a dévoilé son objectif. « Elle doit devenir plus simple et ciblée et trouver le juste équilibre entre les incitations, les investissements et la réglementation, et veiller à ce que les agriculteurs disposent d’un revenu équitable et suffisant ».
Une orientation qui demande à être affinée pour la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard. « Il faut un budget qui soit à la fois conséquent et dont l’architecture et l’organisation puissent garantir la pérennité en 2 piliers. Un autre point de vigilance est sur le ciblage des aides. Nous voudrions avoir davantage de précisions sur la manière dont s’opérera ce ciblage », a-t-elle déclaré, en amont de la réunion du Conseil.
Des inquiétudes pour le prochain budget de la Pac (04/03/2025)
Un point de vue partagé par Czesław Siekierski, ministre de l’Agriculture de la Pologne, qui assure la présidence tournante de l’Union européenne. « Nous avons besoin d’un budget approprié et distinct pour la politique agricole commune, qui repose sur deux piliers », a-t-il exigé mettant l’accent sur les objectifs de compétitivité et d’attractivité du secteur. « Outre les discussions au niveau ministériel, nous souhaiterions également avoir un dialogue intensif avec les organisations d’agriculteurs — rien ne peut se faire en matière agricole sans les agriculteurs ».
La question du montant
Autre épée de Damoclès donc, le montant du budget dédié à la Pac, alors que la Commission estime que « quelque 62 milliards d’euros seraient nécessaires pour combler le déficit d’investissement dans le secteur agricole et réaliser ses transitions numérique, écologique et énergétique ».
Un défi de taille, sachant que les objectifs stratégiques européens ont bougé. « Les priorités politiques émergentes ont été soutenues par des dépenses importantes, les dépenses consacrées à la recherche, à la migration, à la défense et à l’action extérieure atteignant les niveaux les plus élevés par rapport aux budgets pluriannuels précédents », explique la Commission.
Remboursement de la dette Covid, défense européenne, tensions commerciales sont comme autant de défis financiers pour l’Union. Les propositions officielles de la Commission devraient être arrêtées en juillet, pas les débats.