Au cœur des manifestations agricoles de janvier 2024, la Commission européenne lançait officiellement son dialogue stratégique sur l’avenir de l’agriculture européenne. Un projet qui avait vu le jour dans le discours sur l’état de l’Union de la présidente Ursula von der Leyen en septembre 2023. Ce 4 septembre 2024, les conclusions de ce dialogue ont été remises dans un rapport par Peter Strohschneider, président du groupe chargé de son élaboration.
Ce dialogue stratégique a été mis en route avec un objectif majeur, guider « les travaux de la Commission européenne lors de l’élaboration de sa vision pour l’agriculture et l’alimentation ». Élaboré par « 29 acteurs majeurs des secteurs agroalimentaires, de la société civile, des communautés rurales et du monde universitaire européens », ce rapport émet une série de 14 recommandations, adoptées à l’unanimité, allant de la production à la ruralité, en passant par le commerce.
S’il est à l’initiative de la Commission, ce rapport reste donc indépendant. « Mon équipe et moi-même étudierons bien entendu attentivement ces recommandations contenues dans le rapport. Elles alimenteront une vision pour l’agriculture et l’alimentation. Et je présenterai cette feuille de route dans les 100 premiers jours du prochain mandat », a rappelé Ursula von der Leyen.
Plus d’incitations pour l’environnement
Le groupe prône par exemple que la Pac accorde « une aide au revenu à certains agriculteurs actifs d’une manière beaucoup plus ciblée », notamment vers « les petites exploitations et les exploitations mixtes, les jeunes agriculteurs, les nouveaux entrants et les agriculteurs installés dans les zones soumises à des contraintes naturelles », est-il précisé. Il est également encouragé d’aller plus loin dans la rémunération pour service environnemental en allant « au-delà de ce qui est requis par la législation de l’Union européenne et viser le niveau d’ambition le plus élevé ». Ce qui rebattrait de fait l’aiguillage du budget de la Pac au bénéfice des « écorégimes et aux instruments agroenvironnementaux et de l’action climatique ».
Les parties prenantes de ce dialogue stratégique ont largement analysé le volet environnemental, en cherchant les méthodes adéquates pour atteindre les objectifs de l’Union européenne. Une des propositions serait de créer « un fonds temporaire pour une transition juste » qui « devrait être mis en place en dehors de la Pac pour compléter le soutien à la transition rapide du secteur vers la durabilité ». Ce fonds serait financé par le public et le privé.
Le climat et l’environnement restent des préoccupations majeures pour la présidente Ursula von der Leyen. « Nous devons soutenir une agriculture qui travaille pour et avec la nature. Nous savons que cela ne peut se faire qu’avec un système efficace de récompenses et d’incitations », préconise-t-elle. « Les agriculteurs sont parmi les premiers à ressentir fondamentalement les effets des changements et des crises climatiques et environnementales. […] Le secteur agricole dispose de nombreuses solutions pour atténuer et s’adapter aux crises climatiques », a-t-elle souligné.
Revoir la méthode sur le libre-échange
Sur le volet commerce international, les recommandations vont vers un changement de logiciel par rapport aux récentes orientations de la Commission. Ainsi, le groupe encourage de « mieux reconnaître l’importance stratégique de l’agriculture et des produits alimentaires dans les négociations commerciales » et veiller à « une plus grande cohérence entre sa politique commerciale et sa politique de durabilité ».
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