Avec le sujet de la souveraineté alimentaire redevenu un thème de préoccupation majeur, la Commission a publié le 16 avril 2024 son second rapport sur l’état de la sécurité alimentaire européenne. Ce document reprend les éléments qualitatifs recueillis auprès de plusieurs membres du groupe d’experts du mécanisme européen de préparation et de réponse aux crises de sécurité alimentaire (EFSCM), notamment des acteurs du secteur répartis sur le territoire européen.
Par rapport à la première édition diffusée à l’automne 2023, les experts interrogés ont appuyé sur trois motifs d’inquiétude particuliers : l’impact des épisodes climatiques extrêmes, les coûts élevés des intrants, qui étaient déjà des éléments du premier rapport, mais aussi une problématique plus récente, la baisse des prix agricoles.
Climat et hausse des coûts inquiètent
Pour les experts ayant soulevé ce problème, malgré les prix observés en 2022 et 2023 qui avaient permis aux agriculteurs de dégager des revenus jugés « bons » pour la moyenne, « la rentabilité de certaines exploitations a commencé à diminuer à mesure que les prix des matières premières ont commencé à baisser plus tard en 2023, en particulier pour les cultures. Même si le coût de certains intrants s’est stabilisé, voire a diminué, un environnement mondial concurrentiel et une reprise inégale de la demande alimentaire ont ajouté à la pression sur la rentabilité », précise le rapport.
Si la pression des différents évènements climatiques attirait déjà l’attention des experts pour la précédente édition, elle continue de menacer la sécurité alimentaire européenne selon eux, notamment le problème du manque d’eau. « L’introduction de programme de gestion de la ressource en eau » serait, selon eux, nécessaire pour sa consommation. D’autre part, les experts voient un risque pour la logistique agricole et alimentaire avec l’impact de ce manque d’eau sur l’utilisation des voies fluviales.
La politique, la nouvelle préoccupation
Les experts de l’EFSCM voient également les prochaines échéances électorales comme potentiellement menaçantes pour les prochaines politiques mises en place, notamment les élections européennes de juin prochain. Les présidentielles américaines sont également pointées pour les possibles conséquences sur le commerce international.
D’autres points de vigilance ont été relevés. « Il s’agit notamment des pénuries potentielles de main-d’œuvre dans le secteur agricole et des risques de dépendance liés au manque de diversification des importations, en particulier lorsqu’un importateur dispose d’un pouvoir de marché dominant. »
L’accès à la nourriture redevient un problème
Après un focus sur l’autosuffisance alimentaire de l’Europe dans l’édition précédente, les experts ont été questionnés sur « l’incapacité d’accéder à un repas convenable » de certains citoyens de l’Union.
Après une baisse de 2,6 % de cette donnée entre 2010 et 2019, « La pandémie de Covid-19 a mis un frein à cette tendance, tout comme les récentes turbulences dues à l’agression russe en Ukraine, annulant les progrès réalisés au cours de la dernière décennie », rappellent-ils. L’inflation reste en effet problématique pour certaines familles, notamment celles situées sous le revenu moyen dans leur pays respectif.