« Les négociations avec les États-Unis ne font que commencer sur la base de l’accord qui a été mis en place dimanche », a affirmé le ministre de l’Économie, Éric Lombard, à l’issue d’une réunion d’environ deux heures et demie qui rassemblait une partie du gouvernement, les représentants patronaux et ceux des secteurs économiques. Le ministre a également redit son « soulagement d’avoir évité une escalade commerciale », malgré la « déception qu’on arrive à un accord à 15 % ».

Peu d’annonces concrètes sont ressorties de cet échange à huis clos, à part la création d’un site internet à destination des entreprises et l’engagement de transmettre les doléances des secteurs touchés par les surtaxes douanières américaines à la Commission européenne la semaine prochaine. L’accord douanier prévoit une taxation généralisée de 15 % sur les produits européens arrivant sur le territoire américain, sauf exceptions, notamment pour l’aéronautique qui sera exemptée.

La France « pousse » pour que les vins et spiritueux le soient aussi, a assuré le ministre délégué au Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, appelant aussi à ne pas avoir de « tabou » concernant l’excédent américain en matière d’échanges de services avec l’UE. Comprendre : il faut, selon lui, envisager d’élargir la discussion sur les taxes douanières aux services, alors que le président américain Donald Trump justifie sa croisade commerciale en invoquant uniquement un déséquilibre sur les échanges de biens avec l’UE au détriment des États-Unis.

« Contours très flous » pour La Coopération Agricole

« Selon toute probabilité, il pourrait y avoir un accord “zéro pour zéro” pour les spiritueux, mais pour les vins, nous n’en savons rien », a indiqué à l’issue des discussions la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, également présente à cette rencontre. « On apprécie le fait que les vins et spiritueux sont la priorité absolue de l’exécutif », a réagi la FEVS (Fédération des exportateurs de vins et spiritueux) auprès de l’AFP, appuyant pour une exemption de surtaxes sur ces alcools. 

Mais La Coopération Agricole a déploré dans un communiqué des « contours encore très flous » de l’accord pour la filière alimentaire. « Nous ressortons de cette réunion avec plus de questions que de réponses », a écrit à l’AFP l’Association nationale des industries alimentaires (Ania). « Le coût pour la filière alimentaire est estimé par le gouvernement à 800 millions d’euros et notre estimation pour nos entreprises dépasse le demi-milliard d’euros », a-t-elle précisé.

Etaient également présents la CPME et l'U2P du côté patronal ; France Industrie, la Fédération bancaire française, l'Alliance du commerce, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) ou encore France Assureurs, entre autres, du côté des fédérations. À son arrivée à Bercy, le patron du Medef, Patrick Martin, avait fait part de sa « déception » concernant l’accord conclu et indiquait ne pas attendre « de soutien financier sectoriel, sauf peut-être pour le vin », dont la France est une grande exportatrice, en cas de taxation à 15 %. Le vice-président de la deuxième organisation patronale, la CPME, Dominique Chargé, a dit mercredi soir sur RTL qu’il ne sortait « pas forcément plus rassuré » de la réunion à Bercy, mais « avec quelques précisions ».

Pas assez « crainte »

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en conseil des ministres que l’UE n’ait pas été assez « crainte » dans ses négociations — menées par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Il a martelé que la France continuerait de faire montre « d’exigence et de fermeté » dans la suite des discussions. « On a des inquiétudes très importantes. On est en train de détruire des pans entiers de notre économie. […] Et qu’est-ce que nous propose le ministre ? C’est un site internet. On a de la chance, on a pu penser un moment avoir un numéro vert ou un numéro de Minitel… », a fustigé le député socialiste de l’Eure, Philippe Brun, interrogé par BFMTV.