Une deuxième étude d’impact des stratégies « De la ferme à la fourchette » et « Biodiversité » (1), parue mi-septembre et menée par l’université de Kiel à la demande du lobby allemand des céréaliers Grain Club, inquiète la profession. En prenant en compte des réductions d’engrais et de phytos à l’horizon 2030, elle prévoit une baisse de la production de l’Union européenne de l’ordre de 20 % pour les céréales et la viande bovine. Accompagnée d’une réduction du cheptel et d’une forte hausse des prix des produits agricoles.
Vote en octobre
Ces projections sont plus pessimistes que celles de l’unité de recherche de la Commission, parues cet été, qui anticipaient une baisse d’environ 10 %. Notons que ces deux études soulignent les limites de leur modélisation. Mais même partielles, ces prévisions alarment le Copa, syndicat des producteurs européens, qui y voit une « capitulation de l’Europe, qui est en train de baisser le pavillon sur la souveraineté », des mots de sa présidente, Christiane Lambert. L’enjeu est d’autant plus fort que les deux stratégies ont été adoptées le 10 septembre par les commissions Agriculture et Environnement du Parlement, et doivent être votées en plénière en octobre. « Nous ne comprenons pas qu’un vote puisse avoir lieu sans véritable étude d’impact, s’est inquiétée Christiane Lambert, qui en réclame une depuis le mois de mai. Nous ne comprenons pas la surdité de la Commission sur ce sujet. »
De son côté, Janusz Wojciechowski, commissaire européen, a estimé qu’une étude d’impact ne pourrait pas être sérieusement faite avant que tous les États aient rendu leurs plans stratégiques nationaux (PSN). Soit, pas avant janvier. S. Bergot
(1) Ces stratégies prévoient une réduction de 50 % d’engrais minéraux, de 20 % des pesticides, et de 50 % des pertes d’azote. Ainsi que la préservation de 10 % de surfaces à forte diversité et 25 % des terres en bio.