C’est une solution qu’il n’est plus très commun de croiser. Afin de faire face aux conditions humides sur tous les types de sol qui composent son parcellaire, l’EARL du Val d’Ousse s’est équipée de roues cages. L’exploitation familiale est gérée par Hugo Berthelin et son père Francis. Cette ferme de 170 hectares est installée sur la commune de Villemereuil, dans l’Aube. Dans ce secteur, les agriculteurs doivent composer avec des parcelles aux sols très hétérogènes. C’est pourquoi Hugo pense depuis plusieurs années à ajouter des roues cages pour compléter sa boîte à outils. « Je cherchais des roues cages compatibles avec un de mes tracteurs. Grâce au bouche-à-oreille, j’ai enfin réussi à en trouver au début de 2024, avec des diamètres extérieurs qui correspondent aux rapports de pont de mon John Deere 7710. En un mois, j’ai déjà préparé plus d’une centaine d’hectares pour le semis de betteraves et pas dans les meilleures conditions », indique Hugo Berthelin.

Éviter les parcelles mal ressuyées

« Avant de recevoir les roues cages, je préparais mes terres à betteraves avec un tracteur Ford de 60 chevaux combiné à une herse plate de 3 m. Cet ensemble avait l’avantage d’être léger, mais je trouvais quand même que les roues avant étaient trop fines et marquaient le sol. De plus, ça manquait de confort et avec un outil de 3 m, le débit de chantier n’était pas idéal. Les roues cages montées sur un tracteur plus puissant et plus récent me semblaient la solution idéale pour marquer moins », détaille l’agriculteur.

« Avec les roues cages, j’hésite moins à intervenir dans une parcelle fraîche, car je sais que si le sol est suffisamment portant pour mon système, ça ne marquera pas du tout et la terre aura l’humidité idéale pour être travaillée. Et ce d’autant plus que mes terres ont la particularité de ne pas sécher tant qu’elles ne sont pas ouvertes. Je trouve par exemple que cette solution est particulièrement adaptée pour passer le long des bois pour semer l’orge de printemps, car la terre a tendance à être plus humide et donc à marquer plus facilement », apprécie Hugo.

Toutefois, les roues cages n’offrent pas la possibilité de rentrer dans une parcelle mal ressuyée beaucoup plus tôt par rapport à des pneus classiques ou jumelés. En effet, elles restent très sensibles à l’humidité. « Quand j’arrive dans une zone humide et que je vois que la terre commence à coller et à entrer dans les roues, il faut vite que je sorte afin de ne pas m’enfoncer », précise-t-il. Les roues cages, même si elles marquent moins, abîment très rapidement les sols gorgés d’eau. La terre humide passe à travers les barreaux des roues. La portance devenant nulle, le tracteur a tendance à plus rapidement s’enfoncer dans le sol jusqu’à ce qu’il retrouve un minimum d’adhérence en profondeur pour s’extraire, mais en sacrifiant toute la structure du sol.

Jamais sur la route

Hugo explique que le changement de parcelle avec le tracteur équipé des roues cages n’est pas simple et implique trois cas de figure. « Les deux premiers cas sont relativement similaires. Ils apparaissent lorsque je dois circuler sur un chemin ou traverser une route pour passer entre deux champs. Je traverse ou prends la route directement avec ces roues en limitant ma vitesse pour préserver les ponts du tracteur. Le troisième cas de figure intervient quand j’ai plusieurs kilomètres entre les parcelles. À ce moment-là, j’emprunte la remorque porte-engins d’un collègue pour déplacer l’ensemble. »

Lors des déplacements sur des grandes distances, la largeur de 4,2 m du tracteur avec les roues cages impose aussi la présence d’un véhicule d’accompagnement. « La première fois que j’ai voulu monter le tracteur sur le porte-engins, les roues cages en acier glissaient sur les rampes. J’ai donc découpé une paire de chenilles de minipelle qui font office de tapis et ainsi m’offrent de l’adhérence. » Pour le ravitaillement en carburant, comme le tracteur ne peut pas rentrer dans sa cour, Hugo fait les pleins directement au champ avec des véhicules équipés de cuves et de pompes.

Un résultat uniforme

Avec le 7710 équipé de la herse rotative de 4 m de largeur, le résultat est satisfaisant et les zones de passage des roues ne sont pas tassées. « J’ai également constaté que le sol ressuyait mieux sur le passage des roues cages, par rapport à un jumelage. Avec cette solution, j’ai gagné en confort et en débit de chantier, car j’ai pu passer sur un tracteur plus récent sans avoir de perte en termes de qualité de travail, ni en maniabilité et productivité. Le résultat est uniforme et ne présente aucune trace de passage », se félicite Hugo.