À quatre ans de la retraite, Bertrand Honoré n’a aucune certitude quant à l’avenir de sa ferme, uniquement des projets. Propriétaire, avec ses parents, des trois quarts du foncier, « mon objectif est de conserver l’unité foncière et de permettre l’installation de plusieurs personnes », explique l’agriculteur installé depuis 1989 à Fyé, dans le nord de la Sarthe.
Longtemps associé d’un Gaec familial, Bertrand est agriculteur à titre individuel depuis 2007. Sur 130 hectares certifiés en agriculture biologique (1997), il élève une petite trentaine de vaches allaitantes et cultive des céréales : blé, orge, seigle, petit épeautre, etc. Quinze hectares d’agroforesterie complètent l’activité. « La consécration d’un système comme celui-ci serait d’accueillir plusieurs personnes sur différentes productions valorisées en circuits courts », projette l’éleveur.
Un outil « fonctionnel et financièrement accessible »
Bertrand Honoré prépare la cession de sa ferme depuis dix ans. Progressivement, il a adapté le système en place pour arriver à transmettre « un outil fonctionnel et financièrement accessible ». En 2019, il s’est désengagé de la production laitière (180 000 litres).
« Le temps libéré m’a permis de mieux appréhender la transmission, d’y réfléchir sans avoir la tête dans le guidon », relaie-t-il. Bertrand est resté très attentif à la fertilité de ses sols, introduisant des légumineuses dans la rotation, restituant toutes les pailles.
Pas d’animaux à transmettre
Du côté des investissements, le dernier matériel — pour le travail du sol — date de dix ans. Quant au cheptel allaitant, il est aujourd’hui en cours de décapitalisation avec l’objectif d’arriver à zéro animaux au moment de la cession.
« Je ne propose pas un outil en plein ou au top de son développement, mais un endroit où il est possible de faire quelque chose », assume-t-il. L’exploitation compte aussi un hangar, deux bâtiments d’élevage ainsi que des bâtis traditionnels.
Accueillir un collectif
La ferme de Bertrand Honoré est inscrite au RDI (répertoire départ installation) depuis quelques semaines. Dans un département où l’installation de collectifs est encore rare, l’éleveur est également accompagné par la Safer, la Ciap 72 (1) et la chambre d’agriculture.
En novembre dernier, sa ferme a servi de support à une porte ouverte sur l’installation collective. L’occasion pour le cédant d’évoquer deux préoccupations : l’une autour des relations humaines, l’autre centrée sur les formes juridiques d’installation collective.
« Idéalement, je préférerais avoir affaire à un collectif déjà constitué. Ce serait plus simple », reconnaît Bertrand. Quant aux formes juridiques, du Gaec qu’il a connu au GIE en passant par la SAS, la Scop ou la SCIC (2), le champ des possibles est largement ouvert.
Ce printemps, Bertrand Honoré visitera deux collectifs : un Gaec et une Scop. Avec une attention particulière à la gestion des relations humaines, mais aussi au volet « transmission du capital ». « Il faut que les gens puissent s’installer, mais qu’ils soient également remplaçables facilement. »
(1) Coopérative d’installation en agriculture paysanne. (2) GIE : groupement d’intérêt économique, SAS : société par actions simplifiée, Scop : société coopérative de production, SCIC : société coopérative d’intérêt collectif.