Pas une crise, mais pas loin. Lors de la présentation de son rapport économique 2025, Axema, le syndicat des constructeurs et importateurs de machines agricoles, a livré un bilan peu encourageant de la campagne de 2024. « Le chiffre d’affaires de notre secteur est en baisse de 15 % en 2024, concède Jean-Christophe Régnier, le président de la commission économique d’Axema. Mais il faut rappeler qu’en 2023, il y a eu beaucoup de reports de livraisons, ce qui a fait une année totalement atypique. Donc en 2024 on est plutôt sur un retour à la normale sur le point bas du cycle que dans une situation de crise. » Et David Targy, directeur des affaires économiques d’Axema, de rappeler que le marché du machinisme suit un cycle de cinq ans et que l’année 2024 représente le creux de la vague.

Une production au plus bas

Si le cycle est classique, la violence de la montée puis de la baisse sont inédites. « Les ventes sont montées très haut puis sont redescendues très vite, analyse David Targy. C’est cette brutalité qui a eu raison de certaines entreprises. En 2024, une quinzaine de constructeurs sont sous procédure (redressement, sauvegarde…) et quelques entreprises ont été liquidées. C’est du jamais vu. » Actuellement, de nombreuses usines tournent au ralenti et ont recours à du chômage technique.

« Nous sommes pris dans une spirale, précise Olivier le Flohic, directeur de New Holland France. Pendant la période du Covid, nous n’avons pas pu produire normalement et lorsque les ventes ont flambé en 2021, nous n’avons pas été en mesure de fournir à temps et les délais de livraison ont explosé. Lorsque le marché s’est retourné en 2023, les concessionnaires qui avaient fait des stocks de précaution ont d’abord vendu le matériel de leurs parcs, ce qui ne fait pas tourner nos usines. »

Accalmie dans les prix

Sur le front des prix, dont l’explosion est régulièrement dénoncée par les agriculteurs, David Targy annonce que la hausse a été très contenue en 2024. Les prix de vente à la production (prix de vente nets aux distributeurs) ont augmenté de 1,3 % tandis que les prix à l’achat, qui correspondent aux prix de vente nets des remises et des reprises aux agriculteurs n’ont progressé que de 0,1 %.

Cette accalmie intervient après trois années de très forte hausse avec des prix qui ont augmenté de 26 % à la production et 18 % à l’achat. « Pour les deux années à venir, nous anticipons une poursuite de la tendance actuelle avec une hausse très modérée des prix à la production comme à l’achat, notamment en raison de l’accalmie des prix des matières premières », estime l’économiste.

Un début de reprise

Pour les campagnes de 2025 et 2026, les constructeurs montrent un optimisme modéré. Ainsi, les prises de commandes rebondissent pour le cinquième mois consécutif en avril 2025, après 30 mois de très forte baisse. Du côté des immatriculations, Axema a noté un pic en décembre 2024 mais « il est uniquement dû à la précipitation pour se mettre en règle avec la nouvelle norme sur le freinage », précise Jean-Christophe Régnier.

« Même s'il y a une embellie constatée sur les prises de commande,  nous sommes toujours 20 % en dessous des performances d’une année normale, poursuit-il. Nous attendons maintenant la moisson pour savoir si les investissements vont repartir, en particulier chez les céréaliers. »