« Après six années de hausse continue, le marché du matériel agricole se retourne et les ventes s’effondrent », constate Jean-Christophe Regnier, trésorier d’Axema, le syndicat des constructeurs et importateurs d’équipements agricoles. Ce coup d’arrêt était attendu par toute la filière.

« L’année 2023 a été schizophrène, poursuit Jean-Christophe Regnier. D’un côté, nous avons connu des ventes records grâce aux commandes passées en 2022. Mais de l’autre, nous avons constaté un très net ralentissement des prises de commande, qui se matérialise sur les immatriculations de 2024. »

Euphorie en 2023

Selon David Targy, responsable du pôle économique d’Axema, les excellentes performances globales de 2023 cachent en réalité une situation plus contrastée selon les types de produits. Les pulvérisateurs traînés (+45 %) et les pulvérisateurs automoteurs (+35 %) ont connu une campagne exceptionnelle. Elle a aussi été très fructueuse pour les tonnes à eau et les bétaillères (+9 %), les moissonneuses-batteuses (+6,6 %), les tracteurs standards (+4,2 %), les chargeurs télescopiques (+3,7 %) et les outils à disques.

En revanche, la baisse était déjà amorcée pour les bennes (–7,5 %), les épandeurs à fumier (–9,6 %), les presses à balles rondes (–16,8 %), les semoirs semi-portés (–20,1 %). Quant aux ventes d’ensileuses automotrices, elles ont atteint un niveau historiquement bas avec seulement 244 machines et une baisse de 28 % par rapport à la campagne précédente.

Parmi les matériels qui ne sont pas immatriculés, les équipements d’élevage ont fortement progressé.

Chute en 2024

Ces équipements d’élevage figurent d’ailleurs parmi les seuls matériels dont les ventes sont encore à un niveau correct en 2024. Les engins immatriculables qui tirent leur épingle du jeu sont ceux qui sont liés à l’élevage comme les presses à balles rondes (+16,8 % depuis le début de l’année), les bennes (+3,6 %) et les épandeurs à fumier (+3,9 %).

Parmi les matériels de cultures, seuls les pulvérisateurs traînés et automoteurs font de la résistance avec des ventes qui progressent de 3,1 % depuis le début de l’année.

Pour tous les autres matériels, les immatriculations font grise mine. Les ventes de tracteurs reculent de 2,7 % et celles des chargeurs télescopiques de 7,6 %. Du côté des moissonneuses-batteuses, c’est la chute libre avec des ventes qui baissent de 34,5 %.

Redressement en 2026

« Certains indices n’ont pas atteint des niveaux aussi bas de 2008, prévient David Targy. Néanmoins, on ne peut pas parler de crise. Nous prévoyons une baisse du marché de 15 %, tous matériels confondus, pour la campagne de 2024. Les ventes vont continuer à se rétracter au début de 2025, mais nous prévoyons une reprise des commandes au cours de cette campagne. Le marché du machinisme agricole devrait donc renouer avec la croissance en 2026. »

Corinne Le Gall