En tant qu’éleveur, Philippe Bayle a toujours eu une préférence pour les ovins. Alors qu’il trait des vaches laitières depuis son installation en 1996 sur la ferme familiale située à Blanzac, en Haute-Loire, c’est avec une satisfaction clairement exprimée qu’il élève aujourd’hui un double troupeau de vingt-cinq vaches montbéliardes et deux cents brebis noires du Velay. « Je n’ai pas terminé l’évolution de mon exploitation, qui devrait me conduire, si tout va bien, d’ici à cinq ans, à une monoproduction ovine », explique-t-il.

Le logement des vaches et des génisses dans deux étables entravées, avec une manipulation manuelle du foin, incite Philippe Bayle à la construction d’un bâtiment neuf dès 2009, pour réduire la pénibilité du travail. Mais il s’est vu refuser toute subvention à cause de son âge, trente-huit ans. Le projet de 500 000 euros pour cinquante places tombe à l’eau.

Dix ans plus tard, l’éleveur n’a pas abandonné son idée de construction. Son choix s’est réorienté vers un bâtiment de stockage recouvert de panneaux photovoltaïques. « J’anticipe sur le besoin d’un complément de retraite, précise Philippe, qui a investi 85 000 euros dans les panneaux, avec un emprunt sur dix ans. Le bâtiment fait 35 mètres de long pour 24 m de large. La hauteur est de 7,40 m d’un côté et de 3,5 m de l’autre, pour un coût de 160 000 euros, subventionné à 33 %. J’ai décidé d’utiliser la partie “haute” du bâtiment pour le stockage des fourrages et d’aménager la partie “basse” en bergerie. » Pour une fonctionnalité maximale, l’éleveur, conseillé par son technicien, Didier Cathalan, ouvre quatre portes sur chaque pignon et aménage deux aires paillées, de 5 et 5,5 m, partagées par un large couloir central où passe le tracteur. Deux couloirs de circulation le long des aires paillées complètent l’aménagement, qui compte aussi des cornadis individuels facilitant toutes les manutentions et une cage de pesée automatisée.

Une race locale

Soixante-quatorze agnelles et vingt-six brebis inscrites noires du Velay entrent dans l’exploitation en novembre 2019. Philippe choisit sans hésiter – et sans regret – cette race locale, maternelle, prolifique, facile à désaisonner. Il adhère à l’organisme de sélection et au contrôle de performances pour conserver les index sur ascendants des agnelles. Le troupeau, augmenté de cinquante, puis trente-six autres agnelles achetées chez deux sélectionneurs, est conduit en race pure et en trois agnelages en deux ans. Il compte aujourd’hui deux cents brebis, dont les agneaux de boucherie sont commercialisés par l’Association des producteurs d’agneaux noirs du Velay. « J’applique la même rigueur qu’avec mes bovins, souligne Philippe. Il y a beaucoup de surveillance à assurer, en particulier au moment des trois périodes d’agnelages. » Les premières agnelles ont été vendues pour la reproduction et un mâle est rentré au centre d’élevage de Mazeyrat-d’Allier (Haute-Loire) en octobre dernier.

Moins de vaches

Afin de compenser la surcharge de travail d’un double troupeau, l’exploitant a diminué le nombre de vaches laitières de trente-deux à vingt-cinq têtes et a arrêté d’élever ses génisses. Il envisage d’augmenter le troupeau ovin à trois cent cinquante mères, pour arrêter la production laitière. Dans cet objectif, une extension de 15 mètres du bâtiment est envisagée. Le coût total de ce projet est estimé entre 40 000 et 50 000 euros. Une autonomie en fourrages et en céréales lui garantit une bonne marge sur coût alimentaire.

« Finir ma carrière avec la production que j’aime vraiment me plairait bien, confie l’éleveur. D’autant plus que ma femme et mes enfants apprécient ces animaux et viennent volontiers m’aider dans leurs manipulations. Ma fille Marine, très observatrice, est particulièrement intéressée. » Une louve pour l’allaitement artificiel figure parmi les projets d’investissement avec la croissance du troupeau, « afin de valoriser la prolificité de la race ».

Monique Roque-Marmeys