«Il est très agréable d’être accueilli par le chant des oiseaux avant la traite », se réjouit Christophe Vidal, à la tête de quatre-vingt-dix prim’holsteins, à Valuéjols, dans le Cantal, avec son épouse Cécile. Si les pinsons et autres mésanges sont aussi nombreux, c’est en raison de l’abondance des haies. « La présence des arbres près des bâtiments, comme à la périphérie des parcelles est essentielle sur notre exploitation, déclare Christophe. Ils jouent le rôle de brise-vent appréciable pour circuler autour de la stabulation, l’un des endroits les plus fréquentés. » Dans les champs, en raison de la présence des rats taupiers (aussi appelés campagnols terrestres), ils représentent un abri précieux pour les hermines et les buses, deux espèces prédatrices pour le nuisible (voir La France agricole du 27 mai 2016, p. 14).

La haie contre le campagnol

« Certaines années, l’impact des rongeurs est tel que les pertes de production d’herbe peuvent atteindre 50 %, assure l’éleveur. D’où l’intérêt de lutter préventivement en "protégeant" les prédateurs. » Une hermine, par exemple, peut consommer jusqu’à deux campagnols par jour.

La haie est constituée d’un mélange varié d’arbustes, de buissonnants et d’arbres choisis avec les conseils de la Mission haies Auvergne-Rhône-Alpes (voir La France agricole du 11 janvier 2019, p. 52). « Le tilleul apporte de l’ombre pour les animaux, mais il est long à se développer », précise Christophe. Autour des bâtiments, ces essences offrent aussi de la fraîcheur en été pour les niches à veaux. Des fruitiers (pruniers) sont également présents près de la stabulation. Leur production est appréciée des voisins. L’éloignement de quelques mètres par rapport aux toits est suffisant pour éviter que les feuilles bouchent les gouttières. « Certains exploitants continuent aussi d’installer et de tailler des frênes », ajoute Sylvie Monier, de la Mission haies Auvergne-Rhône-Alpes. Leurs branches sont coupées en été et constituent un apport fourrager en période de sécheresse.

« Dans tous les cas, les haies sont bénéfiques à la prairie car elles préservent l’humidité et protègent des vents qui dessèchent, poursuit Sylvie Monier. Les arbres assurent une protection sur une distance égale à vingt fois leur hauteur. »Il ne s’agit pas d’en implanter partout dans les parcelles. En restant sur le pourtour, le bénéfice est perceptible sur plusieurs centaines de mètres.« L’impact de la haie sur la production de fourrage de la prairie est difficile à évaluer. Mais il est d’au moins 10 % en plus sur les parcelles "abritées" par rapport à celles qui sont exposées aux quatre vents », garantit Christophe Vidal. « Des études de l’Inra ont estimé que le bénéfice pouvait atteindre 30 % », précise Sylvie Monier.

Chaque année, Cécile et Christophe programment de nouvelles plantations. Cette fois, ils seront aidés par la Com’com de Saint-Flour, qui subventionne l’installation des haies chez les agriculteurs. La Com’com paie les plants. Et les élèves du lycée agricole de la commune sont mis à contribution pour les mettre en terre.

Au cours des dernières années, l’exploitant estime avoir planté plus de 12 000 m de haies. Il évalue à 3 000 m le besoin supplémentaire sur son exploitation. « C’est une tâche qui demande beaucoup de temps, avoue-t-il. Il faut une après-midi pour implanter seulement 100 m. » L’entretien est lui aussi à considérer. Christophe envisage également la transformation des branches en plaquettes, pour une utilisation en litière destinée aux génisses, en complément de la paille. Cela nécessite l’achat de matériel spécifique.

Marie-France Malterre