Après avoir vu 2 000 hectares s’enflammer à l’été 2019, la chambre d’agriculture de l’Eure-et-Loir, les pompiers (Sdis 28), la gendarmerie et la préfecture se sont alliés pour éviter une nouvelle catastrophe. Depuis trois ans, la « cohorte », autrement dit les volontaires qui interviennent en collaboration avec les pompiers, rassemble environ 80 agriculteurs. En 2022, seuls 440 hectares ont brûlé.

Pour y participer, le prérequis est de posséder un déchaumeur attelé à un tracteur. « En pleine moisson, les deux tracteurs d’une ferme servent souvent à tracter les remorques de grains, souligne Éric Thirouin, président de la chambre d’agriculture, lors d’un atelier réunissant pompiers et agriculteurs, le 19 juin 2023 à Saint-Christophe. Dans l’idéal, il vaut mieux un troisième tracteur, mais il est tout à fait possible de dételer rapidement. »

Intervenir sans gêner

Après s’être inscrits auprès de la chambre d’agriculture, les volontaires sont formés par les pompiers et équipés d’une casquette orange, un laissez-passer pour accéder au périmètre enflammé. « On intervient pour circonscrire les feux », indique Rodolphe Bourgeot. Céréalier à Poisvilliers, au nord de Chartres, il est inscrit à la cohorte depuis trois ans après avoir assisté à un immense feu près de chez lui. « Avec la cohorte, on sait quel est notre rôle, comment intervenir sans gêner les pompiers ou leur bloquer un accès. » Les agriculteurs disposent d’une application qui indique le niveau de risque incendie.

Dès qu’une zone passe en orange, les services de la chambre d’agriculture assurent une permanence pour appeler les membres de la cohorte. L’inscription ne signifie pas une obligation d’intervention. « J’ai été appelé deux fois par la cohorte, mais j’étais en train de moissonner sur un autre site, à plus de 20 km, précise Rodolphe Bourgeot. Je ne pouvais pas agir vite. » L’Eure-et-Loir aimerait arriver à plus de 170 volontaires afin de couvrir une commune sur deux. Tous les assureurs se sont engagés à prendre en charge les éventuels dégâts lors des interventions des volontaires.

Une autre cohorte voit le jour, celle des irrigants. La chambre d’agriculture recense les forages pour limiter les kilomètres des pompiers et économiser l’eau potable. « On utilise environ 40 m³ d’eau pour un feu de 2 hectares. C’est dérisoire par rapport au quota des irrigants », souligne un pompier. Problème : les raccords des forages sont très variés. Le Sdis 28 a demandé à une entreprise de créer une pièce spécifique s’adaptant à tous les types de raccords. Une véritable collaboration !