«Ecouter, ne pas juger, être force de proposition, tout en gardant à l’esprit que l’agriculteur reste maître de ses choix. » Magalie Grosdemange sait que sa mission au sein de Solidarité Paysans Lorraine (SPL) est délicate.
À 40 ans, cette agricultrice, en Gaec avec son compagnon Mickaël, à Saint-Vallier dans lesVosges, sur 190 ha avec 80 vaches laitières, s’est engagée dans cette association avec beaucoup de conviction.
« Elle arrive à mettre en confiance alors qu’elle est d’un naturel réservé, souligne Monique Devoille, présidente de SPL. Sur son exploitation, Magalie a su prendre des responsabilités. Elle gère tout le troupeau et s’occupe de la partie administrative. Son investissement est d’autant plus remarquable qu’elle n’est pas issue du milieu agricole. » La jeune femme travaillait comme ouvrière dans l’industrie textile avant de s’installer en 2006.
La bonne distance
« J’ai toujours été impliquée dans le milieu associatif », explique cette maman de deux enfants, de 22 et 15 ans. Il y a quatre ans, Mickaël et moi avons eu recours à SPL, notre association avec un agriculteur du secteur étant devenue conflictuelle. » Magalie ayant vu la démarche « de l’intérieur », la présidente lui propose de devenir bénévole à son tour. « Nous suivons régulièrement des formations à l’accompagnement. Une image m’a marquée : celle du paillasson, employée par une psychologue : s’essuyer les pieds avant de rentrer sur une exploitation qui nous sollicite, abandonner les idées reçues, avoir la bonne distance. » Le fait d’être une femme facilite le rapport avec les aidés : « Je suis intervenue dans un Gaec mère-fils, où la maman était très dure, se livrant peu. J’ai réussi à établir le contact avec elle. En général, ce sont les femmes qui appellent, qu’elles travaillent ou non sur la ferme. Elles se projettent, évaluent les conséquences des difficultés sur la vie quotidienne, la famille. »
Humainement et socialement, cette activité l’a fait grandir : « Je suis davantage dans le dialogue sur ma propre exploitation », note-t-elle. « Elle sait comment agir avec ses enfants, leur laisser prendre peu à peu des responsabilités », poursuit Monique Devoille. Enfin, Magalie partage des moments plus conviviaux, des soirées, avec les autres bénévoles, afin que cet engagement ne soit pas trop lourd à porter. »