Chez les Maniago, la passion de l’agriculture se transmet avec générosité. Candide, le grand-père de 80 ans, a passé le flambeau à Alain et Sophie, céréaliers et éleveurs de bovins viande. Laura, leur aînée, cultive semences et légumes, Sarah, la cadette, est installée en brebis label rouge, et Sabrina, la benjamine, étudie au lycée agricole. Dans la famille, l’entraide est reine, « comme dans une véritable petite Cuma ».

Une belle énergie

Laura porte cet esprit de solidarité, chevillé au corps. À 27 ans, la maraîchère produit en pleine terre des tomates, des courgettes, des melons et des poivrons l’été, des choux, des courges, des salades, des blettes et du fenouil l’hiver. Elle utilise le moins de produits chimiques possible, qu’elle remplace par des insectes auxiliaires. Elle emploie cinquante saisonniers et vend ses récoltes en demi-gros aux magasins de producteurs, à la grande distribution locale et aux grossistes.

« Mais parfois, je n’arrive pas à écouler ma marchandise, comme aujourd’hui où la salade n’est achetée que 0,10 €, confie-t-elle. Ça ne vaut pas la peine de la cueillir pour la vendre. Comme je n’aime pas gaspiller, j’ai décidé de donner, ça fait désormais partie de ma tournée. Deux fois par semaine, je dépose à la banque alimentaire de Carcassonne tous les légumes “hors calibre”. » Des bénévoles viennent aussi glaner les fins de champs. Une année, ils ont ramassé 1,5 tonne de tomates qu’ils ont transformées en sauce.

 

Mais Laura ne s’arrête pas là. Lorsqu’elle a su que l’association Solaal, qui fait le lien entre les donateurs agricoles et les associations d’aide alimentaire, créait une branche en Occitanie, elle en est devenue secrétaire générale. La jeune bénévole, qui ne compte pas son temps, présente le projet aux JA de l’Aude. Elle cherche aussi des conseillers Solaal sur toute la région pour assurer le même travail. « Il faut le faire au plus vite, c’est maintenant qu’on en a besoin. »

 

Féminine, pétillante, positive, Laura s’engage sur tous les terrains, « pour ne pas laisser les politiques faire n’importe quoi ». Sur les traces de sa mère, impliquée syndicalement, elle a pris des responsabilités au sein des JA d’Occitanie et du département. « Je pousse les jeunes à faire des études agricoles, ils sont souvent porteurs de progrès et d’innovation à la ferme. L’agriculture de demain sera vertueuse, solidaire et belle. »

Florence Jacquemoud