Porté par la chambre d’agriculture de Dordogne, le projet Mycoagra (1) vise à établir le lien entre mycorhization et pratiques culturales, et fournir des préconisations aux agriculteurs pour favoriser les communautés de champignons mycorhiziens.
Plusieurs modalités sont étudiées depuis 2017 chez des producteurs impliqués dans l’agriculture de conservation des sols, dans des parcelles de noyers et de maïs en Dordogne, dans le Lot et en Corrèze. Certaines associent les deux cultures (agroforesterie). Chez d’autres, le maïs est implanté en semis direct sous couvert de légumineuses, avec ou sans traitement fongique des semences, etc. « L’essentiel des résultats concerne les noyers. Ceux-ci sont toutefois extrapolables au maïs, dont les mesures sont encore en cours d’analyse », précise François Hirissou de la chambre.
L’étude montre, d’une part, qu’une partie des mycorhizes résiste aux pratiques agricoles potentiellement agressives et perturbantes. D’autre part, toutes les espèces de champignons jouent un rôle dans la nutrition (entre autres l’absorption du phosphore et de l’azote inorganiques) et le prélèvement d’eau, notamment en situation de stress hydrique des plantes. L’intensité des flux de nutriments échangés entre la plante et le champignon conditionne ainsi la production de biomasse végétale.
Parallèlement, l’évolution des communautés fongiques dans les sols est fonction de phénomènes de compétition pour les ressources entre espèces de champignons. Les mycorhizes peuvent prendre la place de certains pathogènes et augmenter la résistance de la culture aux champignons telluriques.
Les couverts, relais au maintien des champignons
De nombreuses études ont montré l’impact du travail du sol sur les mycorhizes (elles sont sensibles au labour et aux pratiques intensives et répétées), moins sur l’intérêt des couverts végétaux. « Ceux présents en interculture, même pendant la période de repos végétatif du noyer par exemple, fournissent des sucres par les exsudats racinaires aux mycorhizes, qui sont ainsi maintenues actives. À la reprise de végétation au printemps, l’interaction symbiotique avec la culture redémarre », poursuit-il.
Grâce à leur diversité de plantes, les couverts (notamment la féverole) enrichissent la diversité biologique du sol et ce, davantage qu’en enherbement spontané. Isabelle Lartigot
(1) Partenariat entre l’Inra de Dijon, le Muséum national d’histoire naturelle, le CTIFL, l’Institut Lasalle, la station de la Noix de Creysse, trois lycées agricoles et des agriculteurs innovants.