Les prix français des céréales ont retrouvé des couleurs cette semaine à la suite au regain de fermeté du dollar. La monnaie verte s’est appréciée fortement, permettant aux prix européens de remonter en euro sans pénaliser leur compétitivité en dollar. Malgré le contexte mondial qui demeure lourd, le blé rendu Rouen a ainsi repris 5 €/t, à 167,5 €/t, une progression semblable à celle observée sur Euronext. Les autres cotations du marché physique ont suivi la même tendance, gagnant de 6 à 9 €/t selon les places.
Pour les exportations européennes, dont la dynamique a fortement faibli ces dernières semaines, ce coup de pouce est le bienvenu. C’est dans ce contexte que l’Algérie a acheté 490 000 t de blé, dont une bonne partie devrait être fournie par l’Union européenne, notamment la France et l’Allemagne. Il faudra cependant surveiller si l’Argentine, qui engrange actuellement une bonne récolte en quantité comme en qualité, et affiche des prix agressifs, fait son grand retour sur le débouché algérien.
Le rouble remonte
Autre élément favorable à la compétitivité européenne : l’appréciation du rouble, sous l’effet de la remontée du prix du pétrole, qui renchérit l’origine russe. À l’échelle mondiale, les prix restent toutefois sous la pression de fortes disponibilités en Russie, en Australie et aux États-Unis, même si l’Inde pourrait importer plus encore qu’initialement prévu du fait de la levée de la taxe qui s’appliquait jusqu’ici sur les importations.
L’orge fourragère profite aussi du renchérissement généralisé des prix européens. Le rendu Rouen a gagné 4,5 €/t d’une semaine sur l’autre, à 139,75 €/t. Avec l’appréciation du dollar, cette hausse en euro aboutit à un recul du prix Fob à Rouen exprimé en dollar, à 155 $/t (–1 $/t). Malgré ce petit repli, l’origine française reste très légèrement plus chère que les origines de la mer Noire à destination des grands importateurs en raison du fret.
Après une période de calme depuis le début de la campagne, les ports français retrouvent un peu d’activité en orge fourragère. Cependant, les exportations françaises ne peuvent rivaliser avec l’arrivée des disponibilités argentines, canadiennes et surtout australiennes qui s’accaparent la demande mondiale.
Semis de maïs sur fond de sécheresse en Argentine
Les prix de l’orge brassicole de printemps n’ont pas varié. Ils restent à 194 €/t, tandis que celle d’hiver a très légèrement reculé de 0,5 €/t à 163 €/t.
En maïs, les conditions sèches perdurent en Argentine alors que les semis sont toujours en cours, tandis qu’au Brésil les conditions se sont améliorées avec l’arrivée de pluies. Les évolutions du prix ont été faibles dans ces deux pays (+ 1$/t en Argentine et –1 $/t au Brésil), tandis que les cours Fob Golfe aux États-Unis ont grimpé de 3 $/t.
En France, les cotations Fob Rhin et Fob Bordeaux ont évolué de concert (+1,5 €/t et +1,25 €/t), en lien avec le renchérissement du dollar. La tendance de fond pour le maïs reste toutefois baissière compte tenu des disponibilités mondiales importantes alors même que la Chine vient d’annoncer une baisse de la demande au profit du sorgho et de l’orge.
L’or noir soutient le colza
Les prix des oléagineux se sont raffermis, dans le sillage des prix du pétrole. Fait notable cette semaine : 11 pays producteurs non membres de l’Opep ont accepté de participer à l’accord du cartel visant à restreindre de 2 % la production de baril dès 2017. Les prix du colza ont ainsi gagné 6,75 €/t à Rouen, tandis qu’ils affichent une progression de 8,25 €/t pour le Fob Moselle.
L’ascension est encore plus marquée sur Euronext, où les cours affichent une hausse de 10,5 €/t. En revanche, les prix du canola canadien n’ont pas suivi ce mouvement haussier. Ils se sont en effet repliés (–7,9 $/t) sur une semaine afin de compenser une hausse du dollar canadien affectant la compétitivité à l’exportation.
Malgré l’ampleur des récoltes attendues aux États-Unis, les prix de la fève de soja ont très légèrement progressé à Chicago (+1 $/t). La dernière publication concernant les statistiques de trituration du mois de novembre montre une demande intérieure dynamique alors que les besoins sur le marché mondial, particulièrement en Chine, demeurent très importants.
En outre, les semis et le développement des sojas argentins se poursuivent sur un léger fond d’inquiétude en raison des épisodes de sécheresse qui ont affecté une partie des régions productrices. Bien que les conditions d’humidité des sols ne soient pas aussi défavorables que prévues, le contexte sud-américain devrait empêcher les prix de baisser.
Les cours du tournesol n’ont pas évolué cette semaine. Ils affichent toujours 390 €/t à Saint-Nazaire, soutenus par les prix des huiles et la forte demande des triturateurs localement. La progression des prix devrait cependant rester très limitée en raison de la lourdeur des bilans en mer Noire.
Stabilité des tourteaux et protéagineux
Les prix des tourteaux de soja restent soutenus par la fève et les autres oléagineux. Ils gagnent 3 €/t à Montoir mais affichent une hausse plus discrète à Chicago (+1,6 $/t). Pas de changement notable concernant les prix des pois fourragers départ Marne qui demeurent à 220 €/t.
À suivre : prix du pétrole, taux de change, conditions de culture en Amérique du Sud (oléagineux) et en Europe/mer Noire (céréales), résultats définitifs des récoltes de céréales de l’hémisphère Sud.