Avant un revirement ces derniers jours, les céréales françaises, soutenues par le manque de pluies en Argentine et aux USA, sont restées sur une orientation haussière en première partie de semaine malgré le maintien de l’euro à un niveau élevé.

Influence de la sécheresse US pour le blé

Les prix français ont poursuivi leur ascension cette semaine jusqu’au 30 janvier avant d’entamer une rechute brutale depuis mercredi. Les places françaises se retrouvent actuellement en très légère hausse par rapport aux niveaux de la semaine dernière (+1 €/t pour le rendu Rouen à 151,5 €/t, stabilité pour le Fob Moselle à 147 €/t, +2 €/t à La Pallice à 151,5 €/t) mais elles ont perdu 4 €/t environ depuis le pic du milieu de la semaine. Sur Euronext, l’échéance de mars est redescendue à 156,25 €/t le 1er février après avoir atteint 160,75 €/t le 30 janvier.

 

Le mouvement de hausse en France, déjà déclenché la semaine dernière par l’achat algérien, a été alimenté ensuite par la « petite » explosion des prix US (Chicago a gagné 10 $/t au cours de la semaine avant de reperdre 3 $/t).

 

Le maintien du dollar à un bas niveau (face au rouble et à l’euro par exemple) soutient en effet les prix US en dollar. Mais surtout, le marché US a réagi fortement au déclin de l’état des cultures de blé d’hiver dans les deux plus gros États producteurs du pays, le Kansas et l’Oklahoma, qui représentent environ 40 % de la production totale de blé d’hiver US. Seulement 14 % des blés du Kansas et 3 % des blés de l’Oklahoma se présentaient en bonnes ou excellentes conditions au début de la semaine (contre 44 et 33 % l’an passé à la même date), une situation assez inquiétante.

 

En parallèle, l’outil mis en place par l’USDA pour suivre la sécheresse dans le pays a indiqué cette semaine que 65 % du Kansas et plus de 99 % de l’Oklahoma se trouvaient en situation de sécheresse. Ces nouvelles, sans oublier les achats de certains investisseurs, qui ont décidé de liquider une partie de leurs positions vendeuses, ont poussé les prix US vers le haut (+11 $/t pour les blés meuniers HRW et +4 $/t pour les blés meuniers SRW) et l’ensemble des origines mondiales ont suivi (+3 $/t pour les blés de la mer Noire).

La compétition reste rude

Les conditions actuelles ne sont pas de bon augure pour la récolte de blé d’hiver aux USA mais il est trot tôt toutefois pour y prévoir aujourd’hui des rendements catastrophiques car les pluies des mois à venir pourront améliorer la situation. Par ailleurs, la compétition reste féroce sur le marché mondial du blé et cela est venu stopper la hausse en milieu de semaine.

 

Les prix européens ont alors perdu leur soutien éphémère pour très vite se confronter de nouveau à leurs concurrents de la mer Noire (les blés russes à 11,5 % de protéine valent encore 7 $/t de moins que les blés meuniers français). Le Pakistan, de son côté, est en train de revenir sur la scène internationale comme exportateur de blé après plusieurs années d’absence et cela contribue à la lourdeur du moment.

 

Pendant ce temps, l’Arabie vient de lancer un nouvel appel d’offres pour plus de 700 000 tonnes mais cela devrait profiter surtout aux blés européens allemands, baltes et polonais et l’Égypte vient d’acheter, aujourd’hui encore, du blé russe exclusivement.

Un marché soutenu en orge fourragère

Le marché mondial de l’orge a suivi celui du blé cette semaine, l’orge ukrainienne et l’orge française gagnant toutes les deux 2 $/t. Les prix de l’orge sont soutenus aussi actuellement par des achats importants de l’Arabie et de la Chine, ce dernier pays achetant plus que prévu il y a quelques mois. En fin de campagne, les stocks mondiaux d’orge seront très bas en raison de la baisse des récoltes engrangées en Ukraine, en Australie, en Argentine et au Canada. Toutes les quantités disponibles vont ainsi trouver preneur et cela explique des prix de l’orge à 150,5 €/t rendu Rouen, voisins de ceux du blé.

 

Sur le créneau brassicole, les prix sont restés stables pour les orges d’hiver (153 €/t Fob Creil), soutenus par les prix fourragers, mais ils ont perdu 1 €/t pour les orges de printemps en raison de la faible activité du marché.

Le maïs profite des inquiétudes de sécheresse en Argentine

Le maïs s’est apprécié dans l’est de la France (à 157,5 €/t Fob Rhin, + 2,5 €/t) en sympathie avec le cours du blé, mais il est resté comprimé sur la façade atlantique (à 141,5€/t rendu La Pallice) par l’appréciation de l’euro qui n’aide pas les maïs français face aux concurrents des pays tiers. Ces derniers ont toutefois vu leur prix augmenter cette semaine de 3 $/t pour les maïs US et ukrainiens à 9 $/t pour les maïs argentins. Cette hausse est due principalement au manque de pluies en Argentine qui inquiète pour les rendements à venir.

 

Faisant suite à cette hausse du prix des maïs importés des pays tiers, le handicap des maïs français par rapport aux concurrents (argentin, ukrainien notamment) est en train de se réduire. Des pluies sont toutefois annoncées en Argentine d’ici à la mi-février et cela pourrait venir rapidement temporiser la hausse d’autant plus que les stocks US restent très élevés.

Évolution des prix du soja au gré de la météo argentine

Le marché du soja a continué d’évoluer au gré des prévisions concernant la récolte Argentine cette semaine.

 

Au début de la semaine, alors que le soja argentin est dans une phase clé de constitution du rendement, le marché était inquiet des faibles précipitations enregistrées sur le dernier week-end de janvier et des prévisions météo tout aussi sèches pour la semaine. Le prix du soja à Chicago prospérait donc pour atteindre son plus haut niveau des 8 dernières semaines dans la journée du 30-01, à 377 $/t. La dégradation des prévisions de rendement en Argentine publiée par la Bourse de Rosario et divers analystes ont contribué particulièrement à l’atteinte de ce pic.

 

Le dépassement du seuil symbolique des 10 cents par boisseau a alors entraîné un important mouvement de vente. Parallèlement, la situation météorologique s’est améliorée en Argentine (prévisions plus humides et enregistrement de précipitations). Ces facteurs, ainsi que des exportations au départ des USA toujours décevantes, ont finalement conduit à un recul des cours à la fin de la semaine. Le soja se retrouvait coté à 362 $/t (Chicago) au 1er février contre 365 $/t la semaine dernière.

Le colza capitalise sur la hausse du soja

Malgré le récent alourdissement de la situation pour la graine et l’huile de colza, les cours du colza en Europe et du canola au Canada ont suivi le mouvement de hausse des cours du soja au début de la semaine, tout en étant soutenus par une progression du prix du baril. Les cours finissent néanmoins par perdre un peu de terrain en fin de semaine, toujours dans le sillage du soja et du pétrole. Dans l’Hexagone, les cours du colza semblent légèrement soutenus par des craintes de dégâts sur les cultures en raison de la pluviométrie élevée des dernières semaines.

 

Par rapport à la semaine dernière, le colza gagne 2 €/t rendu Rouen (à 332 €/t), 6 €/t Fob Moselle et progresse de 5 €/t sur Euronext (à 346,25 €/t). Au Canada, les cours perdent 1 $/t sur l’ICE.

De son côté, le tournesol gagne 5 €/t rendu Saint-Nazaire à 310 €/t.

Léger recul du tourteau de soja

Le prix du tourteau de soja sur le marché de Chicago perd 7 $/t cette semaine sur le rapproché dans le sillage de la graine de soja. Sur le marché européen, le prix du tourteau de soja résiste quelque peu à la baisse (–2 €/t) en raison de disponibilités peu élevées en provenance de l’Argentine ces derniers jours.

Le prix du pois fourrager départ Marne est stable, à 170 €/t.

 

À SUIVRE : conditions climatiques pour le blé aux USA, exportations de la mer Noire en blé et orge, conditions climatiques pour le soja et le maïs en Argentine, déroulement de la récolte de soja au Brésil, conséquences de l’excès d’eau en France sur les cultures.