Le prix du tourteau de soja à Montoir-de-Bretagne a été particulièrement chahuté ces derniers mois. De janvier à la mi-mars, il est passé de 450 €/t à 625 €/t en raison d’une sécheresse d’ampleur majeure en Amérique du Sud. Les rendements du sud du Brésil à l’Argentine, en passant par le Paraguay, ont été affectés par des chaleurs et déficits hydriques extrêmes. Il en a découlé un recul de la production mondiale de tourteau de soja en 2021-2022, une situation très rare.

© GFA - Le rebond de l'offre de soja argentin a fait reculer les cours du tourteau.

Privé de la concurrence du tourteau de tournesol

Le démarrage du conflit en Ukraine a aussi apporté sa touche haussière aux prix. Le marché mondial s'est retrouvé brutalement privé des tourteaux de tournesol ukrainiens. La demande des fabricants d’aliments du bétail s’est reportée sur le tourteau de soja, ce qui a boosté les prix – pendant un temps, du moins.

© GFA - La part du tourteau de soja a progressé dans les rations.

Depuis la mi-mars, dans les économies avancées ou en développement, la demande animale morose a plombé les prix jusque mi-mai. Plusieurs phénomènes ont affecté le secteur de l’élevage et entraîné ce repli des prix :

  • Le fort ralentissement de l’économie chinoise ;
  • Les crises sanitaires comme l’épizootie de grippe aviaire dans l’Union européenne et aux États-Unis, la résurgence notable de la peste porcine africaine dans plusieurs pays d’Asie du Sud-Est ;
  • La chute du pouvoir d’achat liée à une inflation galopante.

Des cours qui devraient baisser à la sortie de l’hiver

Les marges concurrentielles du colza et du tournesol et une forte rétention du soja en Argentine par les agriculteurs ont ensuite entraîné une baisse de la production de tourteau de soja sur l’été 2022. Cela a entraîné un rebond du prix à 580 €/t début août. La chute de la valeur du peso à la suite d’une crise économique majeure rend les agriculteurs argentins réticents à vendre leurs marchandises. Cela a limité l’offre pour les triturateurs locaux et les exportateurs.

Désormais, tous les signaux sont au vert pour une baisse des cours. D’abord, le soja bénéficie d’une forte attractivité dans les assolements dans un contexte de coûts de production élevés pour les autres cultures, notamment du fait des tensions sur le marché des engrais azotés. La surface mondiale pourrait grimper de presque 5 % en 2022-2023. De plus, le gouvernement argentin ayant récemment accordé un taux de change préférentiel aux exportations de soja jusqu’à fin septembre, la commercialisation des fèves argentines a explosé.

Voilà de quoi bien alimenter les usines de trituration de soja partout sur la planète, et contribuer à une offre abondante en tourteau. Dès que le risque climatique sur les nouvelles récoltes sera écarté, le prix du tourteau de soja pourrait bien repasser sous la barre des 500 €/t.