Le soja poussait sur 147 000 ha en 2016. Terres Univia, l’interprofession des huiles et protéines végétales, a annoncé aujourd’hui vouloir, via la structuration d’une filière de soja français garanti non-OGM, porter ce chiffre à 200 000 ha en 2020 et 250 000 ha en 2025. L’objectif : compenser et conforter la demande non-OGM en France, jusqu’à « substituer tous les sojas non-OGM tracés qui sont importés en France », a précisé Françoise Labalette, responsable du pôle amont à Terres Univia, lors de la conférence de presse tenue en marge du Salon de l’agriculture.
Une charte pour la campagne 2017-2018
En plus d’une définition des critères de qualité des grains, qui devrait être fixée en juillet 2017, l’interprofession a rédigé une charte pour les producteurs, collecteurs et premiers transformateurs du soja. La signature de la charte et de son cahier des charges est prévue à l’automne, après une phase de test pendant la campagne qui vient. La charte porte sur 4 engagements :
- l’origine française (semences certifiées ou fermières, ces dernières étant conditionnées par une contribution de 15€/ha),
- la garantie non-OGM de la semence aux produits issus de la première transformation,
- la traçabilité des pratiques tout au long de la chaîne de production,
- le respect des critères de durabilité dans les différents modes de production, avec par exemple un stockage du grain sans insecticide et un respect des préconisations techniques.
Des contrats pour pérenniser les engagements
La pérennité de la structuration de la filière soja dépend de la manière dont les capacités de production sont sécurisées, en amont comme en aval. « Nous souhaitons qu’un contrat acheteur-vendeur, de préférence pluriannuel, soit établi, a expliqué Antoine Henrion, président de Terres Univia. Il spécifiera les critères de qualité, les éléments déterminant le prix du grain, et les modalités de complément de prix qui seront accordées en contrepartie de l’engagement qui est pris ».
Des atouts agronomiques et nutritionnels
La structuration de la filière de soja certifié français non-OGM est vue comme une opportunité à la diversification des cultures par Jean-Jacques Ramade, producteur en Haute-Garonne. Michel Duvernois, directeur de la coopérative Bourgogne du Sud, estime que la sole dédiée au soja dans son bassin de production pourrait augmenter « compte tenu des atouts de la culture en termes de durabilité » : fixation d’azote atmosphérique, bon précédent à céréales, peu d’intrants consommés. À ce titre, Antoine Henrion précise que « 70 % des parcelles de soja en France reçoivent un désherbant et c’est tout ».
Sur le volet de la consommation humaine, Patrick Cahuzac, directeur général de Saint Hubert (beurres et margarines) considère une filière française, de proximité, comme un « élément de réassurance très fort pour les consommateurs », dans un contexte où le soja souffre d’un « déficit d’image, de goût, d’offre, de notoriété » alors que les Français sont prêts à augmenter la part de végétal dans leur régime alimentaire.
Sur le volet de la consommation animale, « la démarche Filière Soja de France est aussi une opportunité de montée en gamme de production nationale pour reconquérir une partie du marché intérieur », précise Terres Univia. La consommation de tourteaux de soja certifiés français pourrait être valorisée, à terme, par un label, gage de qualité pour les consommateurs.