Une place à prendre

alimentation animale et humaine

En Rhône-Alpes, le soja ne représentait que quelques centaines d’hectares il y a encore quelques années. Aujourd’hui, dans des secteurs majoritairement couverts de maïs, cette culture grignote des hectares. Elle est tirée par la demande pour l’alimentation animale, mais aussi humaine. Chez le groupe Bernard productions végétales, c’est ce dernier débouché qui a le vent en poupe (lire l’encadré). En quatre ans, 3 000 hectares de soja alimentaire ont été contractualisés.

Toutefois, hors de cette filière privilégiée, dont les surfaces sont forcément limitées, le soja a-t-il sa place ? Nos simulations ci-contre indiquent que oui. Suivant les situations, il entre en compétition avec le colza ou avec le maïs irrigué.

Concurrent du colza

Excellente tête de rotation

« Le soja est une excellente tête de rotation : on compte en moyenne 10 % de rendement supplémentaire pour un blé de soja », constate Cédric Lacombe, commercial grandes cultures chez Bernard productions végétales. Historiquement, le colza était la tête de rotation préférée. « Il a pour lui une certaine stabilité des performances, mais ses prix fluctuent et affichent une tendance lourde à la baisse », poursuit-il. Ce qui offre des opportunités au soja. D’autant que ce dernier, confronté dans le passé à des impasses sur le désherbage, bénéficie désormais de solutions phytosanitaires adaptées.

Concurrent du maïs irrigué

Moins gourmand en eau

Dans les secteurs irrigués, c’est avec le maïs que le soja va entrer en compétition. « Les maïsiculteurs de la région ont déjà commencé à diversifier leur assolement depuis l’arrivée de la chrysomèle, rappelle Cédric Lacombe. Aujourd’hui, après plusieurs années sèches et au vu des cours baissiers, le maïs est en net retrait. L’introduction d’autres cultures permet de répartir le risque économique. » Parmi elles, le soja a l’avantage de pouvoir valoriser l’installation d’irrigation présente sur l’exploitation, tout en étant moins consommateur d’eau que le maïs.

Pour obtenir un rendement élevé en situation irriguée, le soja nécessite en effet 30 à 50 mm d’eau en moins qu’un maïs, tout en offrant assez de souplesse pour réduire les apports en période critique, d’après l’institut technique Terres Inovia.

En conditions de production non limitantes, le soja est déjà compétitif. « On arrive au même résultat économique avec un soja irrigué à 4 t/ha, vendu au prix de marché, qu’avec 120 q/ha de maïs irrigué, observe Cédric Lacombe. Et avec des restrictions d’eau, le soja devient plus intéressant qu’un maïs… »

Le vent en poupe

Des atouts non chiffrables

La capacité du soja à fixer l’azote, son système racinaire profond qui améliore la structure du sol, et sa capacité à valoriser l’eau, entre autres, constituent de précieux avantages agronomiques. Mais à une époque où l’agriculture est souvent sous le feu des critiques, ses caractéristiques répondent également à des attentes sociétales : une consommation d’intrants modérée, aucun besoin en engrais azoté, un bilan carbone modeste… Autant de raisons pour que le marché reste porteur.