«Je voulais tout faire avec un tracteur, et si possible avec un seul outil. C’est pourquoi je l’appelle parfois “le plurisem” », s’amuse Michel Radet. Cet agriculteur, installé à Fère-Champenoise, dans la Marne, cultive céréales, colza, luzerne et betteraves sur près de 200 ha. Féru de bricolage, il a modifié de nombreux engins sur son exploitation pour coller au mieux à ses attentes et aux terres champenoises. L’une de ses plus grosses œuvres est un semoir monograine de 9 rangs. Semer les betteraves, le colza, différents couverts à des doses et à des placements différents, désherber sur le rang, irriguer ou apporter de l’engrais localement… font partie de la liste non exhaustive des possibilités de la machine conçue par Michel.

Trois trémies

Le fameux semoir a été construit en partie avec de la récupération. Sur un châssis, le céréalier a disposé 9 éléments de semoir monograine Monosem de type NG + 4. Ces derniers possèdent un interrang de 45 cm. Au-dessus, sont placées, l’une sur l’autre, deux trémies héritées de deux semoirs mécaniques. La première provient d’un Nodet Gougis et la deuxième d’un Hassia. Celles-ci débouchent sur des éléments semeurs à disques récupérés sur le Nodet Gougis. Ces derniers sont répartis de part et d’autre de l’élément monograine, et sont reliés en alternance à la première ou à la seconde trémie. Il est possible de les décaler pour rapprocher l’un des deux de l’élément monograine.

Ce système sert à incorporer de l’engrais solide au plus près du rang. La distribution des deux trémies supérieures est mécanique, mais elles possèdent leur propre boîte de vitesses. Pour chacune, la dose peut donc être modulée. Avec ce semoir, Michel implante ses couverts et effectue ainsi des mélanges variétaux avec une ou deux espèces par trémie. « Dans ce cas, je place la semence la plus chère dans l’élément monograine. »

Par ailleurs, cette machine est combinée à un rouleau Roulgom Perrein renforcé pour accepter de lourdes charges. Le tracteur, un Fendt, est équipé d’un relevage arrière avec des vérins double effet. Il peut donc appliquer du poids sur tout l’outil. « Ce système me permet de répartir le poids du tracteur sur le rouleau, offrant ainsi un bon appui avant le semis, et diminuant l’impact sur le sol des roues arrière du tracteur, et par conséquent leurs traces », explique Michel. Ce dispositif correspond parfaitement aux contraintes des terres champenoises, qui nécessitent d’être rappuyées suffisamment, surtout pour les semis de petites graines.

Toujours plus d’applications

Au semis, la pression des pneumatiques du tracteur est ajustée. « Elle est à 0,6 bar à l’arrière et 0,4 bar à l’avant. En plus, je jumelle l’avant car j’ai installé deux cuves sur le rouleau barre attelé sur le relevage avant. Une de 2 000 litres pour irriguer ou fertiliser, et une seconde de 400 litres pour le désherbage localisé. » En effet, le semoir est aussi prévu pour toutes ces applications. Une buse de pulvérisation est placée derrière chaque élément monograine. Des descentes avant ou après l’élément semeur apportent l’engrais liquide, voire de l’eau, de manière à irriguer sur le rang lorsque les conditions sont limites.

Pierre Peeters