En 2023, la production de semences de maïs a été « très bonne », avec une récolte à 107 % de l’objectif en moyenne en France (70 % en 2022), estime Albert Binder, vice-président de l’AGPM maïs semence. L’assemblée générale du syndicat a ouvert le congrès du maïs 2023, organisé les 21 et 22 novembre à Clermont-Ferrand.
Demande de lisser les futures baisses des surfaces
« Il faut analyser les conséquences » de ce résultat, « un des meilleurs de ces vingt dernières années », appuie Benoit Laborde, président de l’organisation. Avec des ventes en baisse de 13 % en parallèle, les stocks sont attendus à un niveau historiquement élevés, estimés à 80 % de l’utilisation.
« Mécaniquement, les surfaces de multiplication vont baisser », explique-t-il, sans encore s’avancer sur une estimation. En 2023, 80 500 hectares étaient affectés à la production de maïs semence en France. « Faudra-t-il tout accepter et faire le dos rond sous prétexte que cela nous est déjà arrivé ? Bien sûr que non. » Il juge que le réseau actuel est « probablement moins résilient » qu’avant. Il appelle à un lissage des baisses de surfaces dans le temps.
Rémunération : « un tour de force réussi »
Largement évoquée ces dernières années, la question de la rémunération des agriculteurs multiplicateurs a été rappelée. Une des principales demandes syndicales, « être rémunéré à l’objectif de nos contrats de printemps », a été « globalement honorée », estime Benoit Laborde. « Nous avons réussi un sacré tour de force, en passant de 70 % (1) technique à 98 % économique à l’échelle nationale, retrace-t-il. C’était un effort de quasi 100 millions d’euros. »
Dominique Patry, membre du bureau AGPM maïs semence, précise que « les assureurs ont apporté la moitié de la somme, les caisses de risque un quart, et les établissements le reste. Nous arrivons à une rémunération en moyenne de 5 000 €/ha », maïs stériles et fertiles confondus.

Autre avancée, celle du dossier de la création des organisations de producteurs (OP). Après la publication d’un décret le 1er août 2023 pour préparer le terrain juridique, « nous espérons obtenir les premières reconnaissances dans les prochaines semaines, indique Benoit Laborde. Les OP sont avant tout des outils économiques, qui doivent permettre de renforcer le poids des producteurs dans les relations commerciales avec les semenciers. » Six dossiers de demande de reconnaissance ont été déposés et sont en cours d’instruction.
5 % de multiplicateurs en moins en un an
Plus généralement, l’AGPM souligne qu’en dix ans, le nombre de producteurs de semences a baissé de 30 %. Semae dénombrait ainsi 3 045 multiplicateurs en 2023, enregistrant une baisse de 5 % sur un an. « En 2024, on passera probablement sous la barre des 3 000 producteurs », chiffre Albert Binder.
Toutefois, la France est l’un des pays européens où la baisse est la moins importante (–9 % en Roumanie et en Hongrie, –5 % en Autriche, –11 % en Italie). En parallèle, l’AGPM note une « croissance structurelle à l’Est ». La Russie est désormais le deuxième producteur sur le continent européen, avec 45 000 hectares en 2023 (80 500 hectares en France).
(1) Du produit brut d’objectif.