Connaissez-vous le Crispr-Cas9, une technique révolutionnaire qui permet de couper l’ADN et d’insérer très précisément un morceau d’ADN étranger ? Qualifiée de « couteau suisse » du génie génétique, elle peut être utilisée dans le domaine médical ou encore dans le secteur des semences. Mais comme les autres nouvelles techniques de sélection des plantes (NBT), elle crée la polémique (voir page 18). Car les opposants aux NBT y voient des « OGM cachés » et demandent que ces techniques soient soumises à la réglementation européenne sur les OGM. Ce qui veut dire les mêmes obligations d’évaluation des risques, d’étiquetage et de traçabilité. Un classement systématique en OGM dont ne veulent pas les semenciers. Leur idée : évaluer les produits issus de ces techniques et non celles-ci, qui évoluent.
Les NBT permettent des améliorations génétiques plus précises et souvent plus rapides qu’avec les précédentes techniques. Et surtout à moindre coût, ce qui permet à des PME de les utiliser. Les perspectives d’avancées sont réelles. Évidemment, il ne faut pas reproduire les erreurs des OGM et travailler sur les problématiques acceptables par l’opinion publique, comme le réchauffement climatique, la sécheresse, la résistance aux maladies… Quand il s’agit de doubler la production agricole pour nourrir la planète tout en respectant l’environnement, on ne peut mettre de côté les évolutions permises par le progrès technologique.
Mais de nouvelles techniques ne peuvent être développées à rebours de la société civile,qui risque d’avoirdu mal à se faire une opinion entre les anti-NBT - dont les positions peuvent virer au dogmatisme - et les pro-NBT. La balle est dans le camp de la Commission européenne qui doit statuer sur les NBT d’ici à la fin de l’année. Celles-ci ne seront d’ailleurs pas forcément toutes traitées de la même façon. Il faut que Bruxelles tranche, mais le débat ne sera pas clos pour autant.