Il va falloir faire avec des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et intenses. Au cas où l’on en douterait encore, la nouvelle analyse de l’OCDE (1) nous le rappelle, notamment par ces chiffres : « La superficie terrestre mondiale concernée par les sécheresses a doublé entre 1900 et 2020. » Et à présent, « 40 % des terres de la planète subissent des épisodes de plus en plus fréquents et intenses ». Le rapport montre aussi qu’un « grand nombre des sécheresses les plus extrêmes ayant été enregistrées au cours de l’histoire ont eu lieu ces dernières années ».

La part de superficie terrestre mondiale exposée à la sécheresse n'a cessé d'augmenter entre 1900 et 2020. (©  Capture OCDE)

Le principal facteur d’accroissement du risque de sécheresse est le changement climatique, juge l’OCDE. « D’après les projections, en supposant une hausse des températures de 4°C, les sécheresses pourraient devenir jusqu’à sept fois plus fréquentes et plus intenses que dans un scénario sans changement climatique. » Ce qui n’est pas sans conséquences, surtout pour l’agriculture qui représente le secteur le plus touché par les sécheresses.

Répercussions économiques en hausse

« La sécheresse qui a sévi en Californie en 2021 a causé à elle seule 1,1 milliard de dollars de pertes agricoles, soulignant la vulnérabilité de tous les pays, même les plus avancés », rapporte l’OCDE. Et les répercussions économiques des sécheresses augmentent année après année. L’OCDE prévoit qu’un phénomène de sécheresse moyen sera au moins 35 % plus coûteux en 2035 qu’actuellement.

La sécurité alimentaire s’en trouve grandement menacée. Les sécheresses amplifient les déplacements de populations et les migrations, « en particulier dans l’Afrique subsaharienne », souligne l’OCDE. En outre, « les sécheresses graves peuvent entraîner une diminution du volume des échanges par voie fluviale atteignant jusqu’à 40 % et une baisse de la production hydroélectrique de plus de 25 %, avec des répercussions sur les chaînes d’approvisionnement et la disponibilité de l’énergie ».

Investir dans « l’amélioration de la résilience »

L’OCDE a identifié des leviers d’action pour mieux s’adapter à « un monde de plus en plus sec ». Elle recommande d’investir dans l’amélioration de la résilience aux sécheresses afin de « réduire les coûts immédiats de ces phénomènes », mais aussi de « procurer des bienfaits à long terme sur le plan économique, social et environnemental ». « Il ressort des données disponibles que chaque dollar investi dans la prévention des sécheresses produit 2 à 3 dollars de bénéfices. »

Une politique de l’eau efficace apparaît également primordiale, en parallèle de « mesures sectorielles ». « L’utilisation durable des terres, la restauration des écosystèmes et l’adoption de pratiques agricoles adaptées peuvent aider à retenir l’eau dans les sols, à réguler les cycles hydrologiques et à accroître la résilience », souligne entre autres l’OCDE.

« Détermination » et « action coordonnées »

Améliorer l’efficacité de l’irrigation est un des leviers qui concerne l’agriculture. Représentant à elle seule 70 % des prélèvements d’eau à l’échelle mondiale selon l’OCDE, l’irrigation « peut, lorsqu’elle est pratiquée de façon non durable, accroître jusqu’à trente fois la raréfaction de cette ressource dans certaines régions ».

Pour l’organisation internationale, une collaboration entre les secteurs est essentielle « pour atténuer les impacts immédiats des sécheresses ». Tous les efforts pour gérer des risques associés aux sécheresses requièrent « de la détermination ainsi qu’une action coordonnée », remarque l’organisation internationale. Il faut y voir les avantages procurés sur le long terme, comme « une utilisation de l’eau plus efficiente, une productivité agricole accrue et des écosystèmes critiques préservés », cite par exemple l’OCDE.

(1) Perspectives mondiales des sécheresses : Évolution, impacts et politiques d’adaptation, Éditions OCDE, Paris, 2025. (2) L’Organisation de coopération et de développement économiques est une organisation internationale qui promeut « des politiques publiques qui favorisent la prospérité, l’égalité des chances et le bien-être pour tous ».