En 2016, Gilbert Lepine, éleveur à Breuil-la-Réorte (Charente-Maritime), opère plusieurs changements sur son exploitation pour réduire drastiquement ses charges. L’introduction du roseau en alimentation et pour la litière de ses vaches laitières et allaitantes en fait partie : avec son fils fraîchement installé, il loue 60 hectares de roselières au département de la Charente-Maritime.
« Aussi intéressant que du ray-grass »
« Très souvent sur les dernières coupes, on trouve [avec l’enrubannage de roseau] des valeurs aussi intéressantes que celle du ray-grass », assure l’éleveur. Le département autorise la fauche à partir du 20 juin. Les vaches peuvent ensuite y pâturer avant la dernière coupe, si le temps le permet, à l’automne. Après l’intense sécheresse de 2022, Gilbert Lepine guettait le retour de la pluie et son intensité qui conditionneront l’entrée sur ces terres facilement inondables.
Seul bémol relevé, le roseau est tranchant. Il convient d’être vigilant et d’observer ses bêtes pour déceler au plus tôt une éventuelle blessure, conseille-t-il. « On a eu quelques abcès à la gorge. Peu, mais ça peut arriver. »
Broyer pour une absorption maximale
En 2022, n’ayant pas suffisamment de roseaux pour couvrir la consommation alimentaire et les besoins en litière, l’éleveur donne priorité à la première utilisation. Mais lorsque les quantités le lui permettent, il « paille » au roseau le matin puis à la paille de céréales le soir.

Sur la propreté des vaches, pas de différence : « On n’a pas augmenté les quantités au paillage. Mais il ne faut pas qu’il soit entier. […] Le broyage tous les 8 à 10 cm lors de la récolte permet un assèchement de la litière relativement plus important, estime-t-il. Actuellement, on a fait des analyses de fumiers qui ressortent très bonnes. »
Coût de revient compétitif
Située à environ 8 km de son exploitation, la roselière est louée 25 euros l’hectare. À cela s’ajoutent les frais de récolte : 8 € la botte de 300 kg rentrée sur la ferme. « D’habitude, on fait facilement 15 bottes par hectare. Avec la sécheresse cette année, on était entre 10 et 12 », détaille l’éleveur.
Si ses débuts « un peu à l’aveuglette » ont pu faire peur, Gilbert Lepine ne regrette rien. Si ce n’est de n’avoir pas plus de surfaces à exploiter. « On pourrait sauver d’autres exploitations, surtout pendant ces sécheresses de plus en plus fréquentes. »