L’organisme chargé de la statistique nationale, l’Insee, a publié le 16 juillet 2024 quelques calculs sur les espérances de vie à 35 ans selon les catégories socioprofessionnelles, dont les exploitants agricoles, entre 1976 et 2022. Malgré son nom, ce chiffre n’est pas une prévision de l’heure de la mort mais il indique de façon synthétique l’amélioration, ou non, des conditions de vie d’une génération. Le chiffre qui est donné représente l’âge moyen de décès d’une génération si les conditions de mortalité ne changent pas. De ce petit tableau de données fourni par l’Insee, on peut tirer quelques caractéristiques du monde agricole.

La différence femme-homme

Pour la génération qui a 35 ans en 2022, l’espérance de vie est de 50,5 années pour les agricultrices et 47,2 années pour les agriculteurs (ce n’est pas l’âge du décès mais le temps que cette génération peut encore espérer vivre si les conditions de mortalité ne changent pas). La différence entre les genres au profit des femmes n’est pas une surprise. Elle s’observe dans la population générale. Elle est de 50,84 ans pour les femmes et de 45,42 ans pour les hommes. On observe au passage que les agricultrices et les agriculteurs ne se placent pas de la même manière par rapport à la population générale : légèrement inférieur pour les femmes et assez nettement supérieur pour les hommes.

L’évolution depuis 45 ans

Si on compare cette espérance de vie à celle de 1976, on voit le recul de l’âge de la mortalité en 45 ans. Pour la génération qui avait 35 ans en 1976, l’espérance de vie était de 45,7 ans pour les femmes et de 40,3 ans pour les hommes. Déjà à cette époque, les femmes étaient proches de la population générale et les hommes au-dessus. Les méthodes employées par l’Insee (échantillon démographique permanent) rendent comparables ces deux périodes même si le monde de la production agricole a diminué entre-temps.

En revanche, l’accroissement de l’espérance de vie n’a pas suivi le rythme de celui de la population générale. L’écart entre les agriculteurs de 1976-1984 et ceux de 2020-2022 est de 6,9 ans alors qu’il est de 7,5 ans pour l’ensemble des Français. Même logique : chez les agricultrices, l’écart est de 4,8 ans pour les agricultrices et de 5,8 ans pour l’ensemble de la population.

Plus que les ouvriers, moins que les cadres

Si on revient en 2022 et se penchant désormais sur la comparaison entre les agriculteurs et les autres catégories socioprofessionnelles, on peut appréhender l’influence du travail sur la santé des travailleurs. Que ce soit pour les hommes ou les femmes, le monde agricole n’est pas en tête des plus longues espérances de vie. Les professions intermédiaires et les cadres ont toujours l’espérance de vie la plus élevée, devançant jusqu’à 2,5 ans le monde agricole. À l’inverse, les inactifs (non retraités) et les ouvriers présentent systématiquement une espérance de vie inférieure. Dans l’entre-deux, on remarque une différence entre les agricultrices et les agriculteurs. Les premières se placent juste au-dessus des ouvriers, laissant devant les employés et les artisans. Les hommes, quant à eux, se placent derrière les professions intermédiaires, devançant les employés et les artisans, commerçants et chefs d’entreprise.