« Cela fait vingt ans que nous sommes agacés, parce que rien ne bouge ! Et quand nous voyons à quel point le Comité national éthique des abattoirs piétine, nous prenons les devants », explique Frédéric Freund, le directeur de l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA).

 

L’association a publié, le 19 janvier 2021, la liste de 118 abattoirs pratiquant l’étourdissement systématique pour au moins une espèce, afin de « lutter contre l’opacité des techniques d’abattage ».

Répondre aux demandes de viandes halal ou casher

« La diffusion de cette liste est nécessaire car il n’existe actuellement aucune mention informative du mode d’abattage sur les viandes commercialisées », poursuit Frédéric Freund.

 

Sur les 240 abattoirs de boucherie agréés par les services du ministère de l’Agriculture, 149 ont obtenu une dérogation pour pratiquer un abattage sans étourdissement sur au moins une espèce, « afin de répondre aux demandes de viandes halal ou casher ».

 

Selon l’OABA, une partie de ces viandes se retrouve sur le circuit « conventionnel ». « On peut ainsi acheter sans le savoir, de la viande provenant d’un animal qui a été égorgé à vif ».

 

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La viande bio, avec étourdissement

Si un consommateur veut s’assurer qu’il achète une viande provenant d’un abattage réalisé avec étourdissement, « il doit se renseigner sur l’abattoir fournisseur et rechercher si son numéro d’agrément figure bien sûr la liste de l’OABA. Pour connaître le numéro d’agrément de l’abattoir, il suffit de regarder l’étiquette figurant sur la barquette de viande ». La mention de ce numéro est obligatoire pour les viandes bovines. Le boucher est également en mesure d’indiquer ce numéro.

 

L’autre solution, selon l’association welfariste, est d’acheter de la viande biologique. Depuis un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne obtenu en février 2019, toutes les viandes certifiées « agriculture biologique » proviennent obligatoirement d’abattages réalisés avec étourdissement.

 

« La dernière solution sera de se passer de viande ! prévient Frédéric Freund, qui rappelle que la très grande majorité des adhérents historiques de l’OABA, qui en compte six mille, « mangent encore de la viande ».

Étourdi mais pas mort

Lors d’une réunion, le 12 janvier 2021, du Comité national éthique des abattoirs, « les cultes nous ont dit qu’ils n’étaient pas contre d’évoluer sur la question, mais ils veulent être sûrs que l’étourdissement ne tuent pas l’animal, bien que de très nombreuses études aient déjà été menées sur le sujet », assure Frédéric Freund.

 

L’étourdissement des animaux en abattoir avant la saignée est obligatoire, selon la réglementation européenne. Les États peuvent accorder une dérogation dans le cadre d’un abattage rituel par respect de la liberté de religion. La France l’accorde.

 

Pourtant, d’après les scientifiques, l’animal non étourdi, en particulier les bovins, peut agoniser durant de longues minutes. D’où la demande de l’OABA, de CIWF et de Welfarm de mettre fin à la dérogation.

 

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