L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) n’a pas pris en considération le développement du vaccin vivant contre les salmonelles, dans son avis rendu le 23 juin 2025, regrette le président de l’interprofession des œufs, Yves-Marie Beaudet, contacté par La France agricole le 25 juin. « Le sujet ne faisait pas partie des trois questions posées par la Direction générale de l’alimentation (DGAL) dans sa saisine [efficacité des prélèvements d’environnement selon les types d’élevage, possibilité de les supprimer sans perte de sensibilité du dépistage, conditions de substitution, NDLR] », souligne-t-il.
Or, ladite saisine date de 2023, et la France est autorisée à utiliser les vaccins vivants sur les reproducteurs et pondeuses en filière aviaire depuis deux ans seulement (1), remarque le responsable. Pour lui, ce décalage temporel rend les conclusions partiellement obsolètes : « Il faut deux ans pour avoir les résultats d’une saisine, et en deux ans, il y a plein de choses qui changent. »
Surtransposition
Dans son avis, l’Anses valide la pertinence de maintenir les prélèvements d’environnement aux côtés des prélèvements de fientes pour le dépistage des salmonelles, comme le prévoit l’arrêté du 27 février 2023. Sa position confirme donc la spécificité du dispositif français par rapport à la règlementation européenne, qui impose uniquement des prélèvements de fientes. Yves-Marie Beaudet regrette cette rigueur poussée à l’excès, qu’il voit comme une « surtransposition des règles européennes » poussée par un « principe de précaution, parapluie, ceinture, bretelles… »
Selon le représentant, les exigences s’avèrent parfois contre-productives. « On ne demande pas à baisser le niveau de sécurité sanitaire, mais à éviter des excès, justifie Yves-Marie Beaudet. Il arrive qu’un prélèvement soit positif sur une poignée de porte, et que cela entraîne la destruction de tout un lot de poules. Ensuite, plus aucun résultat ne confirme cette contamination. »
La DGAL avait conditionné l’évolution de l’arrêté à la publication de l’avis. Le dialogue est donc rouvert, mais les calendriers restent à ajuster. « Nous sommes en train de caler des rendez-vous pour échanger, voir comment on s’approprie cette saisine, et comment faire évoluer les règles, notamment sur les méthodes de prélèvement », précise le président du CNPO, qui espère pouvoir avancer concrètement sur ce dossier d’ici à l’automne.
(1) Auparavant, la vaccination contre les salmonelles était autorisée, mais seulement avec des vaccins inactivés.