Christiane Lambert somme la France et l’Europe de prendre des décisions claires, garantissant la compétitivité agricole française. Lors d’une conférence de presse tenue le 21 février 2023 à Paris, quatre jours avant l’ouverture du Salon International de l’Agriculture 2023, la présidente de la FNSEA en a profité pour lancer une pétition, appelant les consommateurs à défendre la production française.
Marché unique, règle unique
Néonicotinoïdes, S-métolachlore, benfluraline… Plusieurs produits phytosanitaires sont dans le collimateur des autorités européennes. Selon la FNSEA, 30 % des produits phytosanitaires interdits en France sont autorisés à l’extérieur des frontières. « Il n’est pas normal que la France prenne seule des décisions : marché unique, règle unique », a réagi Christiane Lambert. Elle souhaite que tous les pays s’alignent, pour éviter d’importer en France des aliments traités, pourtant interdits à la production. Une situation « incohérente » qu’elle considère comme dangereuse pour la compétitivité des exploitations : « On est plus blanc que blanc, certes, mais on est des héros morts », prévient-elle.
Le syndicat se préoccupe aussi du poids de l’Anses. « Il faut aussi des études parallèles » avant de prendre des décisions politiques, tempère-t-elle, notamment par l’Autorité européenne de sécurité alimentaire (Efsa).
Les décisions européennes sur l’élevage menacent aussi la compétitivité agricole. « Certains pays décident de vouloir réduire l’élevage pour des raisons de reconquête des écosystèmes ou de santé », évoque la présidente. « Quand Bruxelles dit : "J’arrête la pub pour la viande et le vin" et que de l’autre : "J’ouvre les frontières aux importations de viande", on est désarmés », proteste-t-elle.
« Tout va disparaître »
Plusieurs textes de lois sont en cours de discussion : proposition de loi Descrozaille, proposition de loi remise en compétitivité de l’agriculture et la future loi d’orientation agricole qui devrait être déposée à avant l’été… La FNSEA promet d’être à l’affût pour que le Parlement défende les revenus des agriculteurs et in fine la compétitivité agricole française. « Toutes les lois ne débouchant pas forcément sur des applications concrètes, mais c’est l’orientation qu’on veut donner qui importe », avoue-t-elle.
La présidente admet également que les négociations avec les distributeurs sont « difficiles » mais qu’« il faut tenir bon ». Elle se félicite du rétropédalage du gouvernement et des distributeurs sur le panier anti-inflation, à la suite de sa lettre ouverte au PDG de Carrefour. Elle en profite pour remettre sur la table l’idée d’un chèque alimentaire, pour favoriser les ménages les plus précaires et éviter de tirer l’alimentation vers le bas, au détriment des producteurs et industriels.
À l’approche du Salon de l’agriculture à Paris, la FNSEA a lancé une pétition ironiquement intitulée « Tout va disparaître », en référence aux enjeux multiples qui pèsent sur l’agriculture. Elle fait appel à la solidarité des consommateurs pour défendre le monde agricole. « On est en économie de guerre », résume sa présidente. Elle espère 100 000 signatures.