Le gouvernement présente, vendredi 3 mars 2023, un plan de soutien à l’industrie agroalimentaire, avec des mesures d’urgence pour aider les entreprises à supporter la flambée de leurs coûts de production et des financements pour accélérer leur modernisation.
Un fonds de 500 millions d’euros
Pour rendre plus compétitif ce secteur, qui accuse « des défaillances » structurelles et pâtit désormais de la hausse du coût de l’énergie, un fonds public et privé doté de 500 millions d’euros devrait voir le jour, a indiqué Bercy.
« Un peu moins de la moitié » de la somme proviendra de l’État et l’autre de fonds privés, afin d’aider les PME à investir dans « la numérisation des usines » et « la transition écologique », souligne-t-on de même source.
À plus court terme, un report de charges sociales et fiscales sera accordé aux industriels pour soutenir leur trésorerie. Des crédits du plan d’investissement France 2030 devraient servir à accélérer la robotisation de l’agroalimentaire français, « avant-dernier » en Europe sur ce sujet.
D’autres mesures de soutien à l’exportation seront présentées « prochainement » par le ministre du Commerce extérieur, Olivier Becht, pour accompagner les industriels à mieux valoriser leurs produits à l’étranger.
En novembre, un rapport de l’Inspection générale des finances soulignait que la rentabilité du maillon industriel, calculée via son excédent brut d’exploitation (EBE), s’était écroulée de 16 % entre 2019 et le premier semestre de 2022.
Cela « grève les investissements pour la modernisation, la décarbonation et la transition écologique des filières », relève le gouvernement. Une source du secteur interrogée jeudi par l’AFP se montrait toutefois peu convaincue : « A Bercy, quand on n’a pas de solution, on propose des reports de charges », a-t-elle grincé.
« Une année noire pour notre industrie agroalimentaire » ?
Grande consommatrice de gaz pour la transformation du lait ou de la betterave sucrière, l’industrie agroalimentaire a subi de plein fouet la hausse des prix de l’énergie et des matières premières agricoles, liée notamment à la guerre en Ukraine.
Pour y faire face, les industriels peuvent réclamer des aides de l’État, avec le bouclier énergétique ou l’amortisseur électricité. À l’issue de leurs négociations annuelles avec la grande distribution, ils ont également réclamé une hausse du prix d’achat de leurs produits « entre 10 et 12 % » pour répercuter la flambée de ces coûts.
En France, « l’industrie agroalimentaire est passée du 2e au 6e rang des exportateurs agroalimentaires mondiaux en quelques années » et « lorsque l’on retire les vins et spiritueux, nous sommes déficitaires », a souligné le ministre de l’Industrie.
« Certains craignent un mars rouge pour l’inflation ; moi, […] je crains une année noire pour notre industrie agroalimentaire », a-t-il ajouté, emboîtant le pas au président Emmanuel Macron qui a mis la pression sur la grande distribution pour qu’elle fasse un effort sur ses marges, objet de négociations tendues.
« On a trop de petites entreprises », qui n’ont pas la « taille critique » pour « faire face aux chocs et conquérir des parts de marché à l’étranger », a-t-il encore déclaré, indiquant que le fonds public et privé avait vocation à soutenir des rapprochements.