La préemption d’une exploitation de 350 hectares par la Safer de Normandie en décembre 2022 aboutit au début de 2024 à l’installation de six jeunes à Petit-Caux, en Seine-Maritime. Un an après cette acquisition pour 11 millions d’euros par la SCEA Safer de Normandie (lire l'encadré), cinq lots de 48 ha à 104 ha (pour deux frères) ont été attribués. 82 projets ont été recensés à la suite de l’appel à candidatures lancé en juin 2023.

« La sélection a été guidée par la volonté d’installer de manière viable », explique Stéphane Hamon, directeur de la Safer de Normandie. Les cinq projets retenus s’inscrivent en extension ou complémentarité d’exploitations familiales sans capacité à les accueillir à court terme. Dans ce secteur, la pression foncière est en effet accentuée par le futur chantier de l’EPR 2.

Un rôle déterminant des bailleurs

Attributaire d’un des cinq lots constitués, Camille Versluys prévoit de s’associer avec son mari sur une structure produisant 1,8 million de litres de lait. Actuellement salariée de cette exploitation située à cinq kilomètres des parcelles attribuées, elle est dans l’attente d’une décision de la banque en vue d’acquérir le foncier. La jeune femme de 27 ans souligne que « ces 48 hectares supplémentaires permettront d’améliorer l’autonomie fourragère ».

Autre bénéficiaire de l’opération, Pierre Landard est en cours d’installation individuelle sur 80 hectares. L’ingénieur agricole de 27 ans prévoit d’y poursuivre les cultures de céréales, betteraves et lin ainsi que de développer celle de pommes de terre. Il bénéficiera dans son activité d’une mutualisation des moyens matériels et bâtiments avec le Gaec familial à proximité. Ce sont Nicole et Jean-Claude Vaqué, retraités habitant à Rouen, qui ont acquis son foncier et lui ont signé un bail cessible de 30 ans. Déjà propriétaires, ils apprécient que la Safer ait trouvé un exploitant et indiquent qu'à la demande de leur preneur, ils ont prolongé le bail prévu initialement pour 25 ans.

Emmanuel Hyest, président de la Safer de Normandie, et Alexis Graindorge, responsable du foncier à Jeunes Agriculteurs de Normandie, soulignent que « sans les bailleurs, les jeunes n’auraient pas pu concrétiser leurs projets ». Si l’opération et son coût ne sont pas sans faire débat, un projet similaire est d’ores et déjà en cours au nord de Bayeux dans le Calvados pour une structure de 174 hectares.