Les collectivités territoriales qui ont mis en œuvre des fermes municipales se sont rencontrées pour la première fois, les 20 et 21 juin 2024 à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes). C’est ici que s’est développée il y a une dizaine d’années l’idée d’implanter une exploitation maraîchère dont la fonction principale est de fournir la restauration collective de la commune.
Aujourd’hui, mille repas sont servis chaque jour de cette manière dans les trois groupes scolaires de cette petite commune proche de Cannes. Un chef d’exploitation et deux ouvriers, salariés de la collectivité, gèrent un domaine de 3 000 m² de serres préempté par la mairie en 2005 et fournissent 80 % des besoins en fruits et légumes frais de la commune.
Projets agricoles territoriaux
D’autres initiatives assez proches ont émergé dans le sillage du programme ministériel des projets agricoles territoriaux, initié en 2016 et accéléré en 2021. La ville d’Épinal (Vosges) a installé une régie municipale pour cultiver 1,5 hectare depuis 2021. Lyon (Rhône) démarre une ferme métropolitaine cette année et l’adosse à un espace test pour accompagner des candidats à l’installation. Plus petit, le village varois de Rocbaron se lance avec l’achat d’une ferme d’un hectare. Même en banlieue parisienne, la commune de Villejuif a repris un domaine dans l’Yonne en réembauchant la cheffe d’exploitation en place.
Mais cet ensemble d’initiatives n’est pas homogène. Les statuts juridiques sont divers : régie municipale, société coopérative, délégation de service public, société publique locale. Les enjeux ne sont pas les mêmes non plus : maîtrise du foncier et de l’accès à l’eau au tarif agricole, dimensionnement du projet, implication de la population… Les salariés eux-mêmes, s’ils font un travail d’agriculteur, ne se sentent pas toujours reconnus dans l’administration territoriale qui les classe dans la catégorie des jardiniers.
Les relations avec le cuisinier municipal ou avec la diététicienne en charge des repas scolaires demandent un apprentissage mutuel. Enfin, si les régies municipales rentrent bien dans la définition de l’agriculteur actif, elles ont en pratique des difficultés à accéder aux financements de l’agriculture comme les MAEC ou l’aide aux légumineuses.
Alternative
C’est pour comparer tous ces modèles et en tirer des conclusions politiques que les acteurs des fermes municipales élaborent un réseau national. « La crise agricole de l’hiver 2024 a montré que l’agriculture peut tester des modes de production sans être sous la pression économique. Je ne veux pas dire qu’il faut nationaliser l’agriculture mais qu’il faut que les collectivités portent une alternative intéressante dans le cadre de la transition agricole », ambitionne Kamel El Hilali, docteur en droit public invité par la mairie de Mouans-Sartoux à observer ces premières rencontres.