Capables de travailler jour et nuit avec une précision absolue, les robots agricoles semblent être l’équipement idéal pour le semis. Pourtant, peu de solutions sont commercialisées pour le moment et leur adoption sur les exploitations françaises est encore balbutiante. Alors qu’ils font leur preuve dans l’exercice du binage, ils suscitent encore une grande méfiance pour l’étape clé du semis.

De plus, l’investissement initial, d’au moins 80 000 euros, impose aussi de chercher à amortir un tel engin sur plusieurs chantiers.

Biner et semer avec le Farmdroïd

Le robot FarmDroïd, qui est vendu en France par Stecomat, a pris une longueur d’avance puisqu’il est déjà utilisé sur plusieurs exploitations.

Ce robot de type plateforme possède un atout de taille : il est capable de semer et de désherber. Il suffit à l’agriculteur de relever les éléments semeurs en position haute pour mettre en place la lame chargée de scalper les adventices. L’avantage est que le Farmdroïd garde en mémoire la position des lignes de semis et même l’emplacement de chaque graine grâce à la géolocalisation. Il est, par conséquent, capable de biner correctement sans caméra ni arsenal high-tech d’identification des adventices.

Le FarmDroïd est doté de six éléments comparables à ceux d’un semoir mécanique de précision. Avec un écartement à 45 cm, il travaille sur 2,70 m de largeur. La distribution et le transport des graines sont effectués par gravité. Pour assurer une précision millimétrique du placement, la graine patiente quelques instants au ras du sol, entre la distribution et le sillon. Une porte s’ouvre lorsqu’elle est au bon endroit. Ainsi, elle tombe de quelques millimètres, elle ne rebondit pas et son emplacement est précis.

Le robot travaille à une vitesse de 700 m/h. Comme cette allure est inférieure à 1 km/h, il ne tombe pas sous le coup de la réglementation française qui interdit la présence d’engins évoluant en totale autonomie dans une parcelle ouverte.

Une culture de A à Z pour AgreenCulture

De son côté, le français AgreenCulture teste toujours les possibilités de son robot Ceol. Ce dernier s’est illustré, en 2018, lors du challenge Centeol. Réalisé en partenariat avec Kuhn, le projet consistait à préparer, semer, fertiliser, désherber et traiter 50 ha de maïs en totale autonomie avec un robot. Après huit passages exécutés par le robot pour la conduite de la culture, les rendements ont été équivalents à un itinéraire classique.

Le point fort du Ceol est la présence d’un relevage trois points de catégorie 1 à l’arrière qui lui permet d’accueillir divers outils dont un rouleau Faca, un broyeur et un semoir. Comme son concurrent Farmdroid, il travaille sur une faible largeur et à petite vitesse.

Des expérimentations chez Horsch

Le spécialiste bavarois du semis Horsch a dévoilé, en avril 2021, son prototype de robot de semis. Là aussi, l’idée est de se servir d’un robot capable d’embarquer divers outils grâce à un système d’attelage. Mais contrairement à ses concurrents et fidèle à sa réputation, Horsch teste un semis en très grande largeur. L’unité motrice est chenillée et elle emmène un semoir Maestro de 24 rangs. Cependant, compte tenu de la vitesse de travail de l’engin, sensiblement équivalente à celle d’un Maestro emmené par un tracteur, la réglementation impose la présence d’un humain à moins de 600 m du robot.

De nombreux acteurs du machinisme agricole font, en ce moment, pression sur les autorités européennes pour faire évoluer cette réglementation.

Un essaim chez Fendt

À l’opposé du semoir XXL de son compatriote, Fendt opte pour le semis sur un seul rang. Son concept : mettre plusieurs unités dans la parcelle en même temps et les faire travailler en essaim. Conçu à l’origine sur quatre roues, le Xaver n’en compte plus que trois sur la version la plus récente. Les plus grandes roues offrent une plus large surface de contact, un plus important dégagement au sol et un guidage en profondeur plus précis. La direction s’effectue sur le pont arrière et toutes les roues sont motrices.

L’atout majeur du robot Fendt est l’intégration d’un élément semeur Precision Planting, qui appartient au groupe Agco. La technologie vSet sépare les semences rapidement et avec une grande précision, en employant la dépression. À l’aide d’un système de réglage à entraînement électrique, les graines sont déposées individuellement au centimètre près en rangée à une distance définie préalablement. Elles sont entraînées dans la fourche par un bras flexible. À l’avenir, le dispositif pourra être monté avec des capteurs d’humidité du sol, de température, de teneur en humus et en résidus végétaux. Cela permet de semer à une profondeur et avec une densité de semis variables adaptées aux conditions. La dernière roue d’entraînement du robot fait aussi office d’élément de rappui pour améliorer le contact graine-sol.

Sur sa tablette, l’agriculteur pilote les actions de l’essaim et peut prendre la main sur chaque unité robotisée.