En 2002, François Roisneau a repris l’exploitation familiale de 184 hectares, situés dans la Seine-et-Marne et dans le Loiret. Il cultivait des betteraves, de l’orge de brasserie et du blé de force. « En 2010, pour améliorer le potentiel agronomique, j’ai introduit le colza et le pois protéagineux dans la rotation, et j’ai espacé les labours », explique-t-il. François s’initie aussi à la lutte biologique intégrée, notamment par le choix de variétés tolérantes aux maladies et la réduction des densités de semis.
Transformation et accueil à la ferme
« Depuis mon installation, j’avais gardé en tête l’idée de me lancer dans la production de plantes aromatiques et de convertir une partie des terres en bio, sans forcément trouver le bon moment », raconte-t-il. En 2020, l’opportunité de racheter un corps de ferme adjacent à l’exploitation a été le déclencheur. « J’allais avoir la place de créer des ateliers de transformation et de développer l’accueil à la ferme », se réjouit-il.

Pour cette diversification, dont l’objectif est de sécuriser le revenu par le gain de valeur ajoutée sur des marchés de niche, François Roisneau convertit au bio les parcelles proches des habitations de sa commune, soit une vingtaine d’hectares. La récolte de 2024 sera la première en bio. La rotation s’effectue sur huit ans avec du trèfle violet (en interculture également), chanvre, lentilles/cameline (tuteur), avoine ou sarrasin, pois chiche, seigle, tournesol, petit épeautre. L’agriculteur a investi dans une herse étrille d’occasion (6000 €) et projette d’acquérir une houe rotative (louée actuellement).
Huile et farine
Dans le corps de ferme, trois anciens trieurs ont été remis en marche (Marot, Denis et Tarare). « Les volumes étaient faibles mais je vais investir dans un trieur à grilles plus récent ainsi que dans une alimentation automatique de la presse à huile et du moulin Astrié », précise l’agriculteur. En effet, il a investi près de 24 000 € (subventionnés à 40 % par le Feader et le parc naturel régional du Gâtinais français) dans une presse pour fabriquer de l’huile de tournesol, de chanvre et de cameline, et un moulin pour la farine de seigle, de sarrasin, de petit épeautre et des flocons d’avoine.
Les pois chiches et lentilles sont triées et conditionnées à la ferme. Le tout est commercialisé en circuit court via la famille et les amis, et à travers une vingtaine de points de vente (boutiques de producteurs, épiceries participatives, magasins de vrac, coopératives de consommateurs, Amap, marchés de producteur…).
« Notre boutique devrait voir le jour à la fin de 2024 dans le corps de ferme actuellement en restauration », explique l’agriculteur qui bénéficie de l’aide de la famille et des amis dans ce chantier. « Je suis le seul UTH sur l’exploitation mais en réalité, je travaille en collectif et j’ai beaucoup d’aide bénévole de mon père, ma conjointe, mes enfants, cousins, amis, voisins… » Une aide qui sera sûrement sollicitée pour mener également les futurs projets tels que la plantation de 0,5 à 1 ha de vignes bio et la production de miel de lavandin.
20 ha de lavandin
La même année que l’acquisition du corps de ferme, en 2020, face à la chute du marché des betteraves, l’agriculteur contacte l’association pour le développement des plantes aromatiques et médicinales basée à Milly-la-Forêt, en Essonne. « La Cuma Milly PPAM recherchait justement des producteurs de lavandin. J’ai donc planté une vingtaine d’hectares, en trois fois entre le printemps 2021 et l’automne 2022 pour répartir les coûts de 2 400 €/ha. »
Le lavandin restera neuf ans sur la parcelle choisie pour son potentiel agronomique limité, la roche-mère affleurant. « À partir de la troisième année, une marge brute à l’hectare équivalente à celle d’un blé assolé est attendue tous les ans », compte François. Six hectares de fenouil graines ont aussi été installés en 2023 ainsi que 0,5 hectare de camomille bio et 0,5 hectare de menthe poivrée bio. Une marque, MillySens, a été créée par la Cuma pour notamment commercialiser les huiles essentielles produites par la distillerie inaugurée en 2023.