Casse-tête à l’horizon ! Après de multiples reports, le couperet tombera le 1er janvier 2025 : il ne sera plus possible d’acheter un outil ou un véhicule agraire équipé d’une simple ligne de freinage. Seuls les matériels comme les charrues, sur lesquels il est techniquement impossible d’installer une double ligne pourront conserver une simple ligne. Sur le terrain, cette obligation annonce une belle pagaille. En effet, sur une même exploitation vont désormais cohabiter des engins avec une simple ligne de freinage et d’autres avec une double ligne, les deux étant incompatibles. Un tracteur à simple ligne ne pourra pas freiner une remorque à double ligne, et vice versa. Le risque, tout le monde le connaît, c’est que les attelages incompatibles circulent sans dispositif de freinage de l’outil. Avec tous les risques que cela comporte.

Plus de sécurité

Et pourtant, cette réglementation européenne sur le freinage vise au contraire à renforcer la sécurité des engins agricoles sur la route. Comme l’indique Hervé-Marie Pouliquen, directeur du développement industriel de Rolland, « le frein moteur des variations continues est loin de l’efficacité de celui des anciennes boîtes mécaniques. Il faut donc rééquilibrer le freinage entre le tracteur et l’outil. Et pour éviter un arrêt trop brutal qui risque d’entraîner une perte de contrôle, il est dispensable de moduler le freinage en fonction de la charge, de façon manuelle ou automatique, ce que permet la double ligne. » Cette solution offre également un freinage automatique en cas de rupture de l’attelage, grâce à la présence d’une réserve d’énergie. La remorque ne pourra donc plus provoquer d’accident en s’échappant seule sur la route.

Hydraulique ou pneumatique

L’intérêt de la double ligne de freinage est réel mais dans les exploitations, il faudra encore de nombreuses années pour que l’ensemble du parc possède une telle configuration. Et les agriculteurs n’ont pas fini de s’arracher les cheveux car la France offre deux possibilités, bien entendu incompatibles entre elles, pour la double ligne. Alors que de nombreux pays dont l’Allemagne ont opté pour la double ligne pneumatique depuis vingt ans, la France autorise une solution alternative : la double ligne hydraulique. Les performances des deux technologies répondent aux exigences de la nouvelle réglementation sur le freinage. La solution pneumatique a les faveurs des attelages de force puissance, notamment chez les entrepreneurs. De son côté, la double ligne hydraulique est moins coûteuse et c’est le choix préférentiel pour les matériels d’élevage. Elle présente aussi l’avantage de s’intégrer plus facilement, les vérins hydrauliques étant plus compacts que les cylindres pneumatiques.

Pas d’adaptation

Si le choix de la technologie est compliqué dans les exploitations, il vire parfois à la foire d’empoigne en Cuma. Et ce d’autant plus qu’il n’existe pas d’adaptations homologuées. Il n’y a bien entendu pas de compatibilité entre les solutions à double ligne hydrauliques et pneumatiques. En revanche, certains tracteurs proposent des systèmes intelligents capables de freiner un attelage à simple ligne en le branchant sur la double ligne hydraulique. « Néanmoins, il existe une incertitude réglementaire sur ce point et la profession est en attente de clarification sur la légalité de cette pratique », alerte Guillaume Bocquet, directeur technique d’Axema, le syndicat des constructeurs de matériels agricoles. De même, les kits permettant de freiner une remorque à double ligne avec un tracteur à simple ligne, ne sont pas homologués et sont donc interdits. Reste le freinage mixte, qui consiste à monter une prise hydraulique à simple ligne sur le tracteur, en plus de la double ligne pneumatique. Cette solution bien pratique sera interdite à partir du 1er janvier 2025. Si vous envisagez un renouvellement de matériel, il vous reste donc six mois pour investir avant d’être confronté à un choix cornélien.