La future Pac 2023-2027 permettra-t-elle un tournant agroécologique de l’agriculture européenne ? Absolument pas, à en croire le rapport de trois ONG, BEE (Bureau européen de l’environnement), Nabu (Syndicat de conservation de la nature et de la biodiversité, ONG allemande) et Birdlife, document (50 pages, en anglais) publié le 7 décembre.

L'élevage dans le viseur

L'étude passe au crible 17 plans stratégiques nationaux (PSN), déclinaison de la future Pac dans chaque État membre, dont celui de la France. Verdict : aucun ne montre de véritable ambition environnementale ni climatique. Ainsi, trop peu de fonds ont été transférés vers le deuxième pilier (développement durable), et la Pologne et la Hongrie ont même transféré de l'argent du deuxième vers le premier pilier.

Ou encore, la moitié des budgets (49 %) est allouée aux aides découplées, et seulement 30 % est fléché vers des objectifs environnementaux et climatiques, c’est-à-dire guère plus qu’avant. Enfin, déclarent-elles, les exigences de la conditionnalité sont très basses et aucune action d'envergure n’est financée pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, ni l'élevage intensif.

"Le statu quo a été financé"

La transition vers une agriculture durable n’est pas financée, dénoncent-elles. Pour elles, les subventions montrent "une énorme inertie dans la réorientation de l'argent public", voire la poursuite de nombreuses activités qualifiées de "nuisibles".

L'élevage n'est pas épargné : "17,4 milliards iront à l'archaïque "aide couplée", dont 70 % ont été alloués au secteur de l'élevage, dont la plupart pour l'élevage intensif et souvent en contradiction avec l'obligation d’atteindre un bon état des eaux d’ici à 2027", relèvent-elles.

(1) 17 plans stratégiques de 16 pays ont été étudiés : Autriche, Belgique-Flandre, Belgique-Wallonie, Chypre, République tchèque, Danemark, Hongrie, France, Allemagne, Irlande, Italie, Lettonie, Pays-Bas, Pologne, Slovaquie, Espagne, Suède.