En 2019, la filière française table une surface de 65 000 hectares, selon les chiffres présentés par Coop de France déshydration ce 18 juin 2019 lors d’une conférence de presse à Paris. C’est bien loin des 70 000 hectares semés en 2005. Et si après 2020, la Pac ne soutenait plus cette production, Coop de France déshydratation craint le pire.

Une filière en équilibre instable

Ce serait une claque pour cette filière qui n’a pas ménagé ses efforts au cours des dernières années, pour démontrer sa volonté et sa capacité à jouer un rôle dans le projet de la neutralité carbone pour 2050. Elle pointe notamment du doigt le changement de réglementation européenne sur l’attribution des quotas d’émission de gaz à effet de serre.

 

Dès 2005, Coop de France déshydratation s’est lancée dans un travail de réduction de son empreinte carbone avec l’aide de la Caisse des dépôts. La politique climat-énergie de l’Union européenne pour la période 2020-2030 impose une amélioration de l’efficacité énergétique en limitant les rejets dans l’air de particules et de gaz à effet de serre.

 

Il s’agit de « travaux européens de révision du document de référence qui définit les meilleures techniques disponibles » pour lesquels « Coop de France déshydratation s’est fortement impliqué », selon Rodolphe Gaucher, responsable de l’unité des technologies propres et de l’économie circulaire chez Ineris (1).

En route vers la neutralité carbone

Coop de France déshydratation a développé plusieurs projets dans le but de réduire l’impact carbone de la filière. Les différents travaux ont permis de généraliser le préfanage au champ, permettant une forte augmentation des taux de matière sèche en entrée d’usine, et ainsi un gain énergétique de l’ordre de 25 % sur le processus de transformation.

 

La filière a également mis en place une substitution partielle des énergies en remplaçant une partie du charbon utilisé par du bois. Ces changements, malgré des difficultés en termes de mise en place et de maîtrise, permettent non seulement de diminuer fortement les émissions de poussières mais également de structurer en partie la filière du bois.

 

Les coûts de ces travaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre ont été absorbés mais aucun bénéfice financier n’a pu être obtenu sur cet investissement. Pour pouvoir poursuivre ces améliorations et atteindre les engagements de l’état, un investissement sur ces coûts environnementaux est plus que nécessaire.

 

La politique actuelle sur les émissions de dioxyde de carbone s’est traduite par un coût de 10 à 15 €/t de luzerne déshydratée produit, pour un prix de vente compris entre 160 et 170 €/t, pénalisant ainsi la filière déjà affaiblie par une forte réduction des surfaces cultivées ces dernières années.

(1) Institut national de l’environnement industriel et des risques.