Un premier lâcher de 200 individus de Ganaspis a eu lieu le 7 mai 2024 dans le bosquet d’une ferme située à Désaignes, dans le nord de l’Ardèche. L’objectif : réguler la population de Drosophila suzukii, une mouche présente depuis une dizaine d’années dans le département et responsable de dégâts considérables sur les cerises. S’attelant depuis des années à identifier un parasitoïde sélectif du ravageur, l’Inrae a finalement élu Ganaspis cf. brasiliensis en raison de sa très grande spécificité vis-à-vis de la drosophile.

Cette microguêpe est porteuse d’espoir, alors que la cerise est fortement menacée en Ardèche. « Comme l’élevage, la cerise est une production très importante pour le département, souvent essentielle à la survie des exploitations », indique Christel Cesana, vice-présidente de la chambre d’agriculture et productrice de cerises.

La prophylaxie en attendant

Depuis l’interdiction du diméthoate en 2016, Christel Cesana s’appuie surtout sur la prophylaxie pour lutter contre la drosophile. L’arboricultrice a notamment rasé ses vergers situés dans les bois, zones propices au développement de l’insecte qui aime la chaleur et l’humidité. Au Gaec Bogue et Châtaigne, où a eu lieu le premier lâcher ardéchois de Ganaspis, l’arboricultrice Cynthia Cellier déplore 80 % de perte annuelle sur les cerises à cause de la drosophile. Son verger de cerisiers de 1,5 hectare est situé sur un terrain en pente, ce qui ne lui permet pas d’installer des filets anti-insectes. L’année prochaine, elle plantera de nouveaux cerisiers sur un terrain plat de 2000 m², qu’elle protégera avec des bâches antipluie et des filets Alt’Droso.

S’il faudra attendre plusieurs années pour évaluer l’efficacité des lâchers de Ganaspis, Cynthia Cellier veut y croire : « Ici, on a déjà eu une problématique similaire sur la châtaigne, avec un lâcher de guêpes Torymus efficace contre le cynips du châtaigner. » D’autres lâchers de Ganaspis sont prévus en 2024, en Ardèche et dans d’autres départements.