Le 9 avril 2024, le ministre délégué au logement, Guillaume Kasbarian, a tenté de répondre aux interrogations soulevées par le sénateur Michel Canévet (Union Centriste) sur les moyens d’action contre « la prolifération des choucas » , un corvidé protégé par la règlementation européenne, et dont les dégâts en agriculture sont régulièrement pointés du doigt.
Pour encourager les mesures préventives et les actions collectives, le ministre a rappelé la finalisation imminente d’un plan d’action régional « Choucas » en Bretagne, région particulièrement concernée par la présence de cette espèce.
Augmentation des dégâts en Bretagne
Les choucas engendrent d’importants dégâts sur les cultures et les plantations agricoles. Ils sont aussi responsables d’accidents domestiques en se nichant sur les cheminées des habitations. « La région Bretagne est, aujourd’hui, particulièrement touchée par l’augmentation des dommages résultant de la prolifération de ces corvidés », dont le nombre « ne cesse d’augmenter », observe Michel Canévet, sénateur du Finistère. La population de choucas en Bretagne « a largement cru ces dernières années, tel qu’aujourd’hui nous sommes totalement débordés », ajoute-t-il.
Les pertes financières sont conséquentes et « uniquement supportées par les agriculteurs », alors qu’il n’existe pas de fonds d’indemnisation pour cette espèce. Des pertes qui « s’élèveraient à plus de 700 000 euros en 2020 d’après la fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles des Côtes-d’Armor ».
Devant ce constat, le sénateur interroge le gouvernement, « l’État entend-il modifier le régime de protection du choucas des tours ? Quelles actions seront menées pour lutter contre les dégâts croissants et préserver les intérêts agricoles ? »
Des autorisations de prélèvements dérogatoires
Pour Guillaume Kasbarian, ministre délégué au logement, si le choucas des tours est en effet une espèce protégée dans le droit français, « son statut de protection permet néanmoins des destructions à titre dérogatoire, afin de prévenir des dégâts importants, sous réserve de justifications ». Il rappelle que les autorisations de prélèvements dérogatoires ont porté sur un nombre important d’individus dans le Finistère et les Côtes-d’Armor, un nombre qu’il estime « comparable aux prélèvements effectués sur des espèces chassables ».
Ces autorisations de prélèvements font régulièrement l’objet de contestations des associations protectrices de la faune sauvage. En 2023, pour la première fois la justice n’avait pas suspendu les arrêtés préfectoraux du Finistère et des Côtes-d’Armor autorisant le tir de choucas, contrairement à l’année précédente, justifiant de la nécessité de « lutter contre les importants dégâts constatés aux cultures et imputables aux choucas ».
Mesures préventives et plan d’action
« Afin de limiter les dommages causés en agriculture, la maîtrise des populations de choucas des tours doit impliquer au-delà des tirs létaux évoqués, une approche préventive », insiste le ministre délégué. Une approche qui passe par des dispositifs innovants de protection des cultures, des dispositifs d’effarouchement, la limitation de l’accès aux ressources de nourriture et aux sites de nidification comme les cheminées.
Dans l’objectif de mettre en place des actions dans un cadre collectif, « un plan d’action régional “choucas” est en cours de préparation sous le pilotage du préfet du Finistère », indique Guillaume Kasbarian, précisant qu’un premier comité de pilotage a eu lieu en mars 2023. Un deuxième comité de pilotage doit permettre de finaliser ce plan régional à la fin d'avril 2024.
Selon le préfet du Finistère, trois axes d’action devraient être mis en œuvre, à savoir :
- L’amélioration des connaissances sur l’espèce,
- La mise en place de leviers durables de limitation de l’espèce,
- La prévention des dommages.
« Faire en sorte que cette espèce soit chassable »
Des éléments de réponse qui ne satisfont pas totalement Michel Canévet. « Je crois qu’il faudra quand même faire en sorte que cette espèce soit chassable, comme c’est le cas en Espagne, sans cela nous aurons constamment des difficultés », réagit-il après la réponse du gouvernement sur le statut de protection du choucas des tours.
Il conclut l’échange en invitant « le gouvernement à engager la mesure pour que la règlementation européenne évolue », afin de rendre le choucas chassable comme dans d’autres pays européens, et éviter que sa population ne se développe davantage.