Cette problématique fait écho à l’interview récente de Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, sur une radio publique. Il y explique être atteint d’un cancer de la vessie, à 47 ans, et comment il a géré l’annonce en tant que personnalité publique. Car, comme il le souligne, soit on est au travail, aux affaires, on a des responsabilités. Sain, bien portant, performant. Soit on est malade, donc mis à l’écart.
C’est pour éviter ce changement d’image que l’on renvoie aux autres, ce passage d’une frontière invisible mais brutale, que certaines personnes préfèrent se taire, explique Martine Bihr, coach et formatrice à Vandœuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle). D’autant plus lorsque c’est très grave. C’est aussi pour protéger les autres, ses proches, que parfois on ne dit rien. La maladie fait peur, elle renvoie à la souffrance, à la mort. Le malade craint aussi d’être mal compris, d’être pris en pitié, de se retrouver dans une position de dépendance, lui qui était fort, invincible.

Le processus est le même en cas de burn-out : la personne se croit isolée dans son environnement professionnel, sans pouvoir en parler ni à son équipe, ni à ses supérieurs. Dans notre société, nous cultivons une forme de secret quand ça ne va pas.
« Expliquer ce qui se passe, sans effrayer »
Mais se taire est la porte ouverte à toutes les suppositions. Sans être forcément mal intentionnés, certains penseront que votre beau-frère est dépassé par son travail, lâche prise devant les responsabilités, est en dépression… Comme l’a fait Nicolas Mayer-Rossignol, je conseille aux personnes que j’accompagne d’expliquer ce qui se passe, sans effrayer pour autant leur interlocuteur. J’encourage à formuler les choses simplement, sans pathos, ni optimisme excessif.
Si votre beau-frère a du mal à verbaliser, suggérez-lui de s’en ouvrir d’abord à une tierce personne, neutre, qui sera capable d’être là tout simplement, d’écouter sans juger, ni donner de conseils. Celle-ci peut d’ailleurs être quelqu’un qui a vécu une maladie grave. Car il faut toujours trouver des points d’accroche pour avancer, c’est le cas des similitudes de parcours de vie.
Votre beau-frère peut aussi solliciter un thérapeute qui l’aidera à mettre des mots sur ce qui se passe dans son corps, et surtout dans sa tête. Je vois des patients changer physiquement, de façon très nette, lorsqu’ils acceptent de parler : ils « s’ouvrent » littéralement, retrouvent le sourire, le contact avec les autres, et avec, l’espoir.
(1) MBevolution.