« Selon moi, les mots « enfant roi » ou « caprices » cachent une notion de jugement de la souffrance des parents et des enfants, explique Tess Terpant, psychologue pour enfants et adolescents à Albi, dans le Tarn. Dans mon cabinet, j’accueille des parents à qui on dit trop souvent comment faire les choses et qui finissent par douter d’eux-mêmes. »

« Se reconnecter à son bon sens »

« Le premier conseil que je donne est donc de se reconnecter à son bon sens, dont 99 % des parents sont dotés. Puisque vous êtes disponible pour votre fils (et c’est une chance !), écoutez-le, faites-vous confiance et posez un cadre. Cette idée de « caprices » me renvoie surtout à la notion de « frustration ». Et je veux élargir : beaucoup de parents veulent apporter une réponse immédiate à l’émotion de leur enfant en croyant bien faire. Il m’arrive de proposer d’expérimenter l’inverse. Laisser l’enfant explorer cette montée et descente d’émotion, sans intervention, ni jugement. Il peut accepter qu’il ressente quelque chose et se sentir serein face à cela. »

« Lors de caprices, laissez votre enfant explorer cette montée et descente d’émotion, sans intervention, ni jugement », souligne Tess Terpant, psychologue pour enfants et adolescents à Albi (Tarn). (©  Tess Terpant)

« Au contraire, moins il sera habitué à cette sensation, plus il y sera sensible et plus cela lui sera difficile, poursuit Tess Terpant. Se laisser traverser par son émotion ne veut pas dire prendre tout le monde en otage. Proposez à votre fils de s’isoler pour prendre le temps qu’il lui faut pour se calmer. Cela implique que le moment de retour au calme n’est pas géré par le parent. Laissez-le revenir lorsqu’il est vraiment prêt. Cette façon de faire nécessite de s’assurer que l’enfant adhère : sa colère est normale, mais il doit arriver à se calmer seul et ce n’est pas une punition. Cela l’aidera à grandir et prendre confiance en lui. »

« Différence entre frustration normale et pathologique »

« Enfin, il faudra faire la différence entre la frustration “normale” et “pathologique”. Chez les plus petits, il y a la période d’opposition “nécessaire” à leur développement et de recherche des limites qui les entourent. Il s’agit d’être patient, de garder confiance en soi et en lui. Et puis il y a la frustration persistante, qui finit par empêcher l’autonomie et atteindre la qualité de vie de la famille. Dans ces cas-là, il peut s’agir d’un trouble. Il ne faut pas rester seul dans cette situation et contacter des spécialistes. De toute façon, trouble ou non, à partir du moment où les parents et l’enfant souffrent, mieux vaut consulter un professionnel. »