« Les chiffres publiés par le Sénat montraient qu’en 2017 l’âge moyen de la première visite de contenus pornographiques se situait à 14 ans et que 14 % des 10-12 ans y étaient déjà exposés. Ces données datent, nous n’en avons pas de plus récentes. Or, avec le développement des smartphones et les confinements successifs, ces chiffres sont certainement en hausse. Avant de diaboliser, il faut rappeler que l’adolescence est un âge où le jeune vit des expériences diverses et variées (alcool, tabac, etc.) sans que le registre ne soit forcément pathologique.
La réponse à apporter en tant que parent est d’aborder avec votre fils le sujet de la sexualité. Il s’agit d’avoir une approche plus globale, de l’amener à avoir un regard critique sur la question du consentement et du corps (le sien et celui de l’autre). Lui faire prendre conscience que ce qui est donné à voir n’est pas de l’ordre d’une relation amoureuse consentie. Le cerveau n’arrive à maturation qu’à l’âge de 25 ans. À 16 ans, le jeune ne fait pas la distinction entre ce qui est montré et la réalité. C’est également vrai pour les jeux vidéo violents.

On observe que des étudiants formatés par ces contenus pornographiques en arrivent à des dérives lors de leurs premières expériences sexuelles, souvent sous l’emprise de produits (alcool, stupéfiants). Ils pensent que c’est la norme. Ainsi, en voit-on filmer des rapports sexuels.
Rappelez également à votre fils que la pornographie est une industrie lucrative dont le but est que l’internaute revienne sur la plateforme. Posez-lui cette question : « te sens-tu libre quand tu consultes ces contenus ? » Ces images génèrent au niveau du cerveau du plaisir. Elles agissent sur les zones neuronales des circuits de la récompense, le cerveau demande donc à y revenir. Cette pratique peut avoir des répercussions plus tard dans la vie de l’adulte qui ne trouve pas de plaisir dans l’acte sexuel. Un chirurgien spécialisé dans la dysfonction érectile m’indiquait que 10 à 20 % de ses patients n'avaient pas de problème physiologique, mais rencontraient des troubles de l’érection causés par la pornographie ».
(1) L'addictologue Alexis Peschard est président de GAE Conseil.