L’Éducation nationale s’est emparée du fléau du harcèlement à l’école en France depuis une dizaine d’années en sensibilisant enfants et enseignants, pourtant ces violences persistent. Si les leviers pour y mettre un terme apparaissent plus évidents, les situations restent difficiles à repérer. Humiliées par les attaques répétées d’un élève ou groupe d’élèves, certaines jeunes victimes peinent à confier leur mal-être. D’autres gardent le silence par crainte de blesser leurs parents, ou de les voir sur-réagir. Montrez-vous avant tout attentif aux changements brutaux de comportement de votre enfant. La rentrée, d’autant plus en sixième, rend souvent anxieux. Mais après plus d’un mois d’école, s’il vous semble agressif, triste, replié sur lui-même se met à claquer les portes, à refuser son goûter etc., son attitude peut être liée à une situation de harcèlement.

Dans votre cas, votre fils vous parle, il vous rapporte le prétexte utilisé pour l’attaquer. Dites-vous qu’il s’agit bien d’un prétexte. Les enfants, entre eux, s’en prennent parfois aux images que représentent les parents, manière sûre d'atteindre leurs camarades. Votre enfant a besoin d’être écouté, d’être cru, d’être soutenu. La situation se complique si le parent se sent coupable ou attaqué. Il ne faut pas confondre vos histoires. Pour aider votre fils, il va falloir déconstruire, avec lui, les attaques, lui rappeler que vous n’êtes pas des pollueurs et souligner les aspects positifs de votre profession, surtout lui redonner confiance en créant un espace de dialogue. Bien souvent, un parent va vouloir stopper net ce harcèlement, mais il est essentiel de ne rien décider sous le coup de l’émotion et de prendre le temps d’apaiser votre enfant.

Ensuite, vous pourrez solliciter le responsable du collège afin qu’il intervienne. Faites-lui part de votre inquiétude, dans un souci collaboratif, malgré la colère. Mieux vaut s’abstenir de parler directement aux enfants harceleurs, parfois eux-mêmes anciennes victimes. De plus en plus d'établissements ont un plan de prévention du harcèlement, appelé pHARE. Et si vous n’êtes pas entendu, demandez à avoir accès à un psychologue (établissements publics) ou au référent « harcèlement » (écoles privées). Aucun membre de la famille ne doit être négligé dans cette histoire, le reste de la fratrie a aussi besoin d’être écouté.

© AFPEN - Laurent Chazelas est président de l’Association française des psychologues de l’Éducation nationale (AFPEN),

https://www.education.gouv.fr/non-au-harcelement

Laurent Chazelas est président de l’Association française des psychologues de l’Éducation nationale (AFPEN), www.afpen.fr