Votre préoccupation est légitime, car les réseaux sociaux jouent désormais un rôle important dans la vie sociale des adolescents, explique Josette Cordier, thérapeute familiale et formatrice en parentalité, à Yutz (Moselle). Mais en être absent n’est pas forcément un signe d’isolement. Sachez qu’il existe un écart entre votre ressenti et le sien, votre inquiétude pouvant être amplifiée par rapport à la réalité que vit votre fille. Faites un pas de côté et observez-la sans être inquisitrice, ce que ne supportent pas les ados !

Les besoins en liens d’amitié peuvent être très différents. Certains jeunes ne les conçoivent qu’en bande d’une quinzaine de copains. D’autres ont juste besoin de deux ou trois amis proches. Si c’est le cas de votre fille, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Notez comment elle se comporte à la maison. S’enferme-t-elle dans sa chambre ? Participe-t-elle à la vie de famille, est-elle bien présente lorsqu’il y a des invités, discute-t-elle avec eux ? Si c’est le cas, sans doute est-elle plus à l’aise avec des adultes et plus mûre que les jeunes de son âge.

Si vous souhaitez l’interroger, posez des questions ouvertes : « Comment te sens-tu en ce moment ? Quels sont tes projets pour les vacances ? » Vous pouvez le faire au détour d’une sortie mère-fille. Le trajet en voiture est un moment propice : on a le temps, les silences ne sont pas gênants, vous n’êtes pas les yeux dans les yeux, et votre fille ne pourra pas s’enfuir ! Faites-lui part de votre inquiétude mais sans la culpabiliser. Si vous ne parvenez pas à amorcer le dialogue, sollicitez sa bonne copine, si elle en a une, un adulte proche avec qui elle s’entend bien, voir le médecin de famille qui la verra seule.

Parler avec quelqu’un d’attentif, de disponible, lui permettra de mettre des mots sur ce qu’elle ressent. Il en ressortira que votre fille n’est pas une adepte de Snapchat, Instagram et autre Tik Tok, parce qu’elle veut se démarquer ou parce qu’elle y a eu une mauvaise expérience, comme du harcèlement. Dans ce dernier cas, un accompagnement psychologique pourrait l’aider. Une forte sensibilité peut aussi amener votre ado à se sentir submergée par la surcharge informationnelle générée par les réseaux sociaux. D’où ce choix de ne pas y être présente.

Avec votre mari, soyez vigilants, encadrants, mais pas interventionnistes. Respectez le rythme de votre fille, soyez patients. Surtout dites-vous que votre ado d’aujourd’hui n’est pas le jeune adulte de demain. Ces passages qui vous paraissent compliqués se résorbent souvent avec le temps.