« Je vous le dis tranquillement, payer du lait à moins de 350 € [les 1 000 litres, NDLR], ce n’est pas sérieux. Il faut changer le système. Payer du lait à 325 ou 330 €, ça ne va pas. On a un objectif, c’est d’avoir notre autosuffisance alimentaire », a déclaré le ministre à des éleveurs laitiers, lors d’une visite en Charente où il accompagnait le Premier ministre.
Les distributeurs et les industriels communiquent
Depuis quelques semaines, de nombreux accords ont été annoncés avec tambour et trompette entre la grande distribution et des industriels laitiers ou des coopératives, dans le but affiché de mieux rémunérer les éleveurs. Hier encore, c’est Lidl et Danone qui ont communiqué sur un accord auquel ils sont parvenus.
Selon un tableau tweeté jeudi par L’éleveur laitier, parmi les « gros du secteur », le groupe fromager Savencia (Elle-et-Vire, Saint Moret, Tartare, Caprice des dieux, Saint Albray…) se positionne un cran au-dessus en termes de prix aux producteurs au deuxième trimestre de 2019, à 350,84 €/1 000 litres (+38 € par rapport à 2018), quand les autres se situent autour de 334 €.
#prixdulait Prix de base du 2e trimestre
— L'éleveur laitier (@LEleveurlaitier) 2 mai 2019
Savencia joue un cran au-dessus.
Les prix annoncés préfigurent sans doute ce à quoi il faut s'attendre ces prochains mois
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« Il faut que tout le monde gagne sa vie »
« Il faut que demain les prix à la production remontent, il ne faut pas nous la faire à l’envers, il faut que tout le monde gagne sa vie, a insisté Didier Guillaume. On ne peut pas faire de grosses pubs dans le journal pour dire qu’on remonte un peu le prix du lait, et les autres [les éleveurs, NDLR] vous ne gagnez pas votre vie. Ce n’est pas possible. »
Le Premier ministre Édouard Philippe a quelque peu nuancé le propos gouvernemental, soulignant qu’« on ne parlait pas de petites transformations, mais de transformations profondes dans des circuits économiques complexes, dans un milieu où il y a de la concurrence », et que « donc ce n’était pas facile ».
S’assure que les engagements sont tenus
« Ceux qui se sont engagés il y a 17 mois à faire remonter les revenus des agriculteurs devront rendre des comptes », a prévenu Didier Guillaume, qui a assuré que le gouvernement ne « lâcherait rien ». « Maintenant, il faut qu’on s’assure que les engagements du côté de l’État soient tenus et que les engagements des autres côtés de la table soient tenus », a conclu Édouard Philippe.
Selon Nicolas Girod, secrétaire national de la Confédération paysanne et éleveur laitier dans le Jura, « l’indicateur » qui avait été défini par le Cniel, l’interprofession laitière, comme référence pour couvrir les coûts de production des éleveurs laitiers était fixé à 396 €/1 000 l, ce qui donne 39,6 centimes le litre de lait.
« Loin de couvrir les coûts de production »
« La majorité des contrats signés par les industriels sont autour de 370 euros les 1 000 litres : on est encore loin de ce qui devrait permettre de couvrir les coûts de production » a-t-il dit lors de son audition devant la commission d’enquête sur la grande distribution de l’Assemblée nationale ce mardi 30 avril 2019.
Pour la députée de la Vendée, Martine Leguille-Balloy, « dans le lait, on arrive à des prix qui ne peuvent absolument pas être rémunérateurs. […] il y a un problème majeur après des annonces beaucoup trop encourageantes », a-t-elle lancé lors de la séance d’audition de la commission d’enquête jeudi.