Les consommateurs ardennais peuvent désormais acheter un lait 100 % local chez Cora, Carrefour, Leclerc et Intermarché. « C’était une demande de la GMS », raconte Fabien Warzée, éleveur à Artaise-le-Vivier (Ardennes) et président de la SAS. « Pour créer ce produit, nous voulions cerner les besoins et impliquer ceux qui allaient le vendre, explique Fabien, qui a travaillé dix ans dans le secteur de la grande distribution. Pour cela, nous avons réuni les directeurs des GMS. »

Afin d’assurer la traçabilité, les cinq grands collecteurs du département ont été contactés. Seuls l’ULM et Laitnaa se sont engagés. Pour les éleveurs, l’objectif était double : mettre en avant la production locale et obtenir une meilleure rémunération. « Nous nous sommes mis d’accord sur un prix de vente, entre 0,95 et 0,99 €/l, poursuit Fabien. Il permet une bonne valorisation du lait, avec une marge raisonnable pour la GMS et les laiteries. »

Pour que chaque éleveur laitier ardennais puisse prendre part au projet, quelle que soit sa laiterie, la SAS Mon lait ardennais a été créée cet été. « Tout producteur peut devenir actionnaire au prorata de sa production de lait », ajoute l’agriculteur. La SAS achète le lait aux deux laiteries pour le revendre aux GMS. Si le prix du lait payé par les laiteries aux producteurs est bas, la SAS l’achètera à un prix bas, mais le revendra toujours au même prix à la GMS. Sa marge sera donc confortable et elle pourra reverser plus de bénéfices aux éleveurs actionnaires, et inversement. Ce retour s’ajoutera au prix payé par la laiterie. « En lissant le prix final perçu par les éleveurs impliqués, la SAS a un effet tampon », souligne Fabien Warzée.

Communication décalée

Côté valorisation, la brique de lait délivre plusieurs messages, notamment les garanties apportées : 100 % ardennais, respect des bonnes pratiques, juste rémunération du producteur. Les éleveurs ont également frappé fort en réalisant cet été une affiche sexy, en plein champ, avec un message choc : « Pour que “à poil et sur la paille” ne soit qu’une image… Faites comme eux, choisissez Mon lait ardennais. »

Nombre d’éleveurs, surtout des jeunes, sont intéressés par ce projet. « C’est un produit purement ardennais, c’est donc une fierté », souligne Édouard Morlet, agriculteur à Dommery, qui va entrer dans la SAS. Tout comme Samuel Caillet, de Bulson : « Ma première motivation est de valoriser le produit et le métier d’éleveur auprès des consommateurs. La seconde est d’intégrer un projet qui fédère tous les maillons de la filière, ce qui est rare. »

(1) Société par actions simplifiées.