« Ils étaient au moins 200, c’était ahurissant. » Pierre Coumes, éleveur de blondes d’Aquitaine à Bescat dans les Pyrénées-Atlantiques, a subi une attaque de vautours le mercredi 23 avril 2025. Un veau tout juste né et sa mère se sont fait dévorer vivant à 100 mètres du corps de ferme par une nuée de vautours.
Le jeune éleveur s’était absenté quelques dizaines de minutes pour aller chercher un autre lot de vaches à 1 km, avant de revenir précipitamment en quad sur le lieu de l’attaque, pour ne trouver qu’une carcasse de veau et sa mère agonisant sous les yeux des prédateurs. « Les vautours étaient toujours là, à moins de 10 mètres de moi. Même à l’arrivée du quad, ils ne se sont pas écartés. Si j’avais été à pied, je n’aurais pas été rassuré », témoigne Pierre auprès de La France Agricole.
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Deux attaques en deux ans
Le jeune éleveur en est pratiquement certain, le vêlage s’était bien passé. La primipare était équipée d’un système de surveillance qui alerte en cas de mise bas compliquée. Cet appareillage en place sur l’exploitation depuis cinq ans n’a jamais fait défaut.
« On ne pourra jamais savoir si le veau était mort avant l’attaque. Dans tous les cas, la mère était encore vivante à mon arrivée. » Une preuve suffisante de l’attaque ante-mortem des vautours, censés être des charognards. La perte économique table autour des 2 500 €.
Pierre a déjà subi une attaque similaire il y a deux ans sur une vache blessée au dos mais sans plaie apparente. « À l’époque, on m’avait reproché de ne pas avoir de preuves de l’attaque ante-mortem. Là, j’étais dans tous mes états mais j’ai quand même pris le téléphone pour filmer. »
Attaques sur animaux vivants depuis 20 ans
Cet incident est loin d’être un cas isolé ou une nouveauté. C’est au moins le troisième uniquement dans la vallée d’Ossau depuis le début du printemps, selon Pierre. « Cela fait au moins vingt ans que l’on constate des attaques sur animaux vivants dans nos vallées pyrénéennes », rapporte Jean-Yves Arribe, technicien terrain à l’Institution patrimoniale du Haut-Béarn (IPHB), un syndicat mixte.
Très peu d’éleveurs déclarent aujourd’hui ces attaques, faute de reconnaissance appropriée et d’indemnisations. « Les agents de l’État ont du mal à reconnaître les cas d’attaques sur animaux vivants », estime le technicien. L’IPHB a recensé 542 cas d’attaques de vautours depuis 2001 dans les Pyrénées-Atlantiques, un chiffre « certainement sous-estimé. »
Le territoire abrite aujourd’hui 1 220 couples reproducteurs de vautours, soit 80 % des effectifs des Pyrénées françaises. Ce nombre a quasiment triplé en 20 ans. Outre les départements pyrénéens et limitrophes, des cas d’attaques de vautours sur bovins sont recensés en Aveyron.