Associer des arbres et un élevage bovin dans une même prairie est-il bénéfique au pâturage ? Tel était l’objet de l’étude réalisée sur trois ans (2021-2023) par la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais (1). L’agroforesterie est en effet regardée de près pour lutter contre le changement climatique. Car lorsque la température dépasse 25 °C avec plus de 50 % d’humidité, les bovins peuvent être confrontés à un stress thermique sévère. « Plus ce stress thermique est important, plus la production de lait et de viande est affectée », explique Justine Thomas, conseillère en agroenvironnement à la chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais.

Les auteurs de cette étude se sont inspirés des protocoles des projets Arbele et Parasol réalisés au niveau national. Pour chacun des sept sites étudiés dans le Nord-Pas-de-Calais, la prairie agroforestière comprenait des arbres âgés de plus de 15 ans, avec la présence d’un troupeau de vaches laitières ou allaitantes (en conventionnel ou bio) pâturant cette prairie durant la période estivale. « Nous avons observé durant les heures d’ensoleillement, une baisse de la température de 2,6 °C à 7,4 °C au niveau de la prairie agroforestière par rapport à la parcelle témoin », chiffre Justine Thomas.

Réduction du stress thermique

Par ailleurs, le jour, le taux d’humidité de l’air est supérieur sous les arbres par rapport à la zone témoin. La nuit, le phénomène inverse se produit. « Les arbres tamponnent les excès climatiques grâce à l’ombre créée par leur houppier et à l’humidité provenant de l’évapotranspiration, décrit la spécialiste. Cela réduit les périodes de stress thermique pour les bovins et leur métabolisme est moins impacté. » Logiquement, l’effet des arbres est plus important lors des épisodes de canicules et de sécheresse que lors des années plus humides et fraîches.

Autre conclusion de l’étude : les arbres ne réduisent pas le rendement du fourrage de la parcelle agroforestière. Seul un décalage phénologique de la strate herbacée est constaté, avec une croissance de l’herbe au cours de la période mai-juin-juillet. « Cela permet d’étaler la disponibilité en fourrage sur la saison », détaille Justine Thomas. Elle conseille ainsi d’avoir seulement une ou quelques parcelles en agroforesterie sur son exploitation, pour pouvoir gérer cette différence de pousse d’herbe. En revanche, les légumineuses comme le trèfle Trifolium repens, qui aime la lumière, se retrouvent en proportion moindre dans les zones ombragées. Il est donc important d’adapter densité d’arbres à implanter dans une parcelle pour éviter cette perte de légumineuses. Entre 30 et 70 arbres/ha est un bon compromis.

La qualité de la prairie agroforestière n’est pas non plus affectée. Seule la valeur énergétique est un peu plus faible en raison de la moindre quantité de soleil reçu par le couvert végétal aux abords des arbres.

(1) Financée par l’agence de l’eau Artois-Picardie.